Née des luttes pour l’égalité, la « woke culture » revient sur le devant de la scène avec la sortie d’Elon Musk contre Netflix.
« Netflix est devenu trop woke. » En quelques mots postés sur X (ex-Twitter), Elon Musk a rallumé un vieux brasier. Pour lui, la plateforme céderait à une idéologie « progressiste » qui imposerait la diversité à tout prix. Il avait déjà visé Disney pour Lightyear, film d’animation boycotté dans plusieurs pays après un baiser entre deux femmes. À ses yeux, Hollywood et le streaming sacrifieraient la créativité sur l’autel de l’idéologie.
Pour d’autres, au contraire, ces représentations traduisent simplement l’évolution naturelle des sociétés vers plus d’inclusion. Le mot woke, « éveillé » en français, naît dans les années 1930 au sein des communautés afro-américaines. Il désigne alors la vigilance face au racisme et aux injustices sociales. Popularisé par le mouvement Black Lives Matter, il s’étend peu à peu à d’autres combats : féminisme, droits LGBT, justice sociale.
Être « woke », c’est refuser l’indifférence face aux discriminations, au sexisme ou à l’homophobie. Mais son succès médiatique l’a aussi transformé. En s’imposant dans le langage courant, la « woke culture » est devenue un fourre-tout politique et culturel, parfois réduit à une caricature. Ses détracteurs y voient un militantisme moralisateur et une forme de cancel culture, accusée de restreindre la liberté d’expression.
De Bridgerton à The Witcher, certaines productions Netflix ou Disney sont désormais jugées « trop woke » pour leur volonté affichée de diversité. Les critiques dénoncent un nouveau conformisme qui ferait taire les voix discordantes. Les partisans, eux, rappellent que cette vigilance a permis de libérer la parole et de visibiliser des publics longtemps exclus.
Près d’un siècle après sa naissance, le mot « woke » n’évoque plus seulement l’éveil des consciences, mais un champ de bataille idéologique où s’affrontent liberté et justice. Symbole d’une époque qui cherche encore à concilier ouverture, pluralité et tolérance.