Dans les rues, de nombreux jeunes se lancent dans la vente de ce fruit oléagineux. Sous la pluie et le beau temps, ils parviennent à se faire des bénéfices.
Plateau en main, chargé de safous, la petite Yvana parcourt les rues du marché Mvog-Atangana -Mballa à la recherche de clients. Son objectif écouler toute sa petite marchandise. Elle commence sa journée à 7h, après s’être approvisionnée au marché Mokolo. « Ma mère me réveille très tôt chaque jour parce que je dois aller acheter la marchandise que je vais vendre toute la journée. Je prends le seau à 2 500 ou 3 000 francs, selon la quantité des safous.
Je vends le tas à 100 ou 200 francs », explique-t-elle. À la fin de la journée, Yvana empoche en moyenne entre 2 000 et 2 500 FCFA de bénéfice. Sur un mois, ses gains peuvent atteindre environ 60 000 à 70 000 FCFA. Audrey, quant à elle, préfère vendre en bordure de route, là où le passage est plus dense. « Je m’approvisionne au marché de Nsam, là-bas les prix sont bas. Un seau coûte 2 000 FCFA si on connaît les bonnes vendeuses. », déclare cette dernière.
Grâce à sa fidélité et à une présentation soignée, elle affirme pouvoir gagner jusqu’à 3 000 FCFA par jour. « Je fais entre 80 000 et 90 000 FCFA par mois. C’est mon petit business qui m’aide à survivre », confie-t-elle. Outre ces jeunes envoyés par leurs parents, certains prennent eux-mêmes l’initiative de vendre.
C’est le cas de Jonas, 12 ans, qui se lève chaque matin pour préparer ses safous accompagnées de manioc. « J’ai décidé moi-même de vendre. Ça me permet d’acheter mes fournitures scolaires et de gérer mes besoins pour la rentrée », dit-il. À ses yeux, cette activité est une solution temporaire, mais précieuse. Tous savent pourtant que la saison des safous est courte.
Une fois les fruits disparus des étals, il faudra vite trouver une autre source de revenus. Jonas prévoit déjà de se reconvertir dans la vente d’arachides bouillies. « Je ne veux pas rester sans rien faire. Quand les safous vont finir, je vais vendre autre chose. Il faut que je trouve un moyen de continuer à gagner de l’argent », assure-t-il.
A Yaoundé, ces jeunes vendeurs montrent que, même dans l’informel, il existe une forme d’organisation et de résilience. Le commerce des safous, bien qu’éphémère, leur permet de développer un sens des affaires et une autonomie qui dépasse parfois leur âge. Entre stratégies d’achat, emplacement bien choisi et adaptation aux saisons, ils composent avec la réalité économique, jour après jour.