Elles sont mises à l’honneur chaque 15 octobre. Invisibles mais essentielles, les femmes rurales demeurent les véritables nourricières du pays.
Leur contribution à la sécurité alimentaire est inestimable. Chaque jour, elles approvisionnent les marchés, transforment les récoltes et nourrissent des foyers entiers. Certaines ont su dépasser le stade de la simple culture pour s’engager dans la transformation. « Ici, au village, nous fabriquons le tapioca. Nous avons cotisé pour acheter une machine afin de faciliter la transformation du manioc », confie l’une d’elles, fière du chemin parcouru.
Lorsque la production de plantain dépasse la demande locale, elles la transforment en frites qu’elles écoulent dans les villes voisines. Mais ces initiatives, souvent isolées, se heurtent encore au manque d’équipement et de formation. Dans les zones rurales, la précarité reste le quotidien de ces travailleuses de la terre, aujourd’hui en première ligne face aux effets du changement climatique : sécheresses prolongées, pluies imprévisibles, appauvrissement des sols. « Ces femmes dépendent directement de la nature pour vivre. Quand le climat change, leurs revenus et leur sécurité alimentaire sont menacés », explique Chapellain Tsomela, ingénieur en sciences environnementales.
Pour Marie-Crécence Ngobo, experte en développement local, il est urgent de leur reconnaître un rôle décisionnel : « Il ne suffit pas de leur donner des outils. Il faut aussi leur donner une voix dans les instances de décision, car elles sont au cœur de la production et des solutions. » Les chiffres sont éloquents : au Cameroun, les femmes rurales représentent plus de 70 % de la main-d’œuvre agricole et assurent près de 85 % de la production vivrière consommée dans le pays.
Pourtant, elles demeurent en marge de l’accès à la terre, au crédit et aux intrants agricoles. Un frein majeur à leur autonomisation et, par ricochet, au développement durable des communautés rurales. Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille multiplie les initiatives : formations aux techniques agricoles modernes, création de coopératives, programmes d’appui à la commercialisation. Mais pour que ces femmes soient pleinement reconnues comme actrices du changement, un défi majeur reste à relever : leur garantir un accès équitable aux ressources productives.