Pendant que certains jeunes profitent des vacances pour se reposer, pour d’autres c’est l’occasion de se faire de l’argent tout en évitant l’ennui et l’oisiveté.
À 6 h, Sharifa, 19 ans, est déjà dans la cuisine de la maison familiale à Santa Barbara. Dans une bassine posée sur le petit congélateur : de la pâte à crêpes préparée la veille. Sur la plaque à gaz : une poêle remplie d’huile frémissante. Depuis début juillet, c’est son rituel. Étudiante en deuxième année de Lettres modernes anglaises, elle s’est lancée dans la vente de crêpes pendant les vacances. « Je venais souvent à l’école avec des crêpes, et mes camarades les appréciaient beaucoup.
J’avais une amie qui me donnait souvent de l’argent pour acheter les ingrédients et faire des crêpes pour elle. C’est même elle qui m’a donné l’idée d’en faire un business », raconte-t-elle. Depuis, elle produit et vend chaque jour une trentaine de crêpes. En se servant des réseaux sociaux comme WhatsApp, ou par le bouche-à-oreille. En livraison dans le quartier et ses alentours ce job d’été, elle ne le vit pas comme une corvée, mais il n’est pas non plus un loisir. « Parfois, j’ai envie de me faire les ongles parce que j’adore le nail art.
Et comme, pour l’instant, je vis avec mon père, il est réticent sur les trucs de filles. Donc je fais ce business à la fois parce que j’aime faire des crêpes, et aussi parce que j’ai envie de m’offrir de petits plaisirs », confie-t-elle. Un peu plus loin, à Emana, Sybille, 22 ans, gère sa petite boutique de nuisettes… depuis son téléphone.
Étudiante en droit à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, elle vend en ligne pour subvenir à ses besoins : « Ma tutrice est très compliquée sur les dépenses. Pour mes affaires personnelles ou même pour des choses liées à l’école, c’est toujours un débat. J’ai décidé de me débrouiller un peu moi-même, pour ne plus dépendre d’elle sur certaines dépenses », explique-t-elle. Ses stocks sont rangés dans sa chambre.
Les ventes se font via un groupe WhatsApp. « C’est un business qui tourne bien, même si certains jours, je ne vends pas beaucoup. Mais au moins, » Pas de chance pour Jores Pouekam, 18 ans, qui n’a pas eu son mot à dire. Son père tient la Mario Digital Store, une boutique de téléphonie à Etoudi. Et pendant les vacances, c’est lui qui est derrière le comptoir. Il entre en terminale à la rentrée et jouer le petit commerçant pendant ces vacances n’est pas vraiment sa tasse de thé : « Franchement, ce n’est pas mon truc.
Je viens parce que mon père insiste, et il est très rigoureux là-dessus. Il dit qu’il faut que j’apprenne à me débrouiller. » se plaint-il. Il ne touche pas de salaire fixe, juste « un petit quelque chose » de temps en temps. De quoi se payer une chemise ou une paire de basket. Car pour Jores, l’un de ses plus grands hobbies, c’est « être à la mode ». Il passe ses journées à vendre des câbles, des coques et des écouteurs.
Derrière ces trois histoires, la réponse semble déjà évidente. Si certains se découvrent un goût pour l’entrepreneuriat, la majorité le font pour répondre à un besoin. Besoin d’autonomie. Besoin d’argent. Ou simplement de soutien. L’image du « petit job de vacances » comme loisir est séduisante. Mais pour beaucoup, c’est moins un choix qu’une nécessité.