Parler d’éducation sexuelle au Cameroun reste encore, en 2025, un exercice délicat. Dans un pays où traditions, religion et pudeur imposent le silence sur les questions liées à la sexualité, les jeunes avancent souvent à l’aveuglette. Pourtant, la réalité est bien là : rapports précoces, grossesses non désirées, IST, violences sexuelles, avortements clandestins… Autant de situations qui appellent à une action urgente. Dans les lycées et universités, beaucoup de jeunes avouent ne disposer que de bribes d’informations, souvent glanées sur les réseaux sociaux, entre amis ou à travers la pornographie.
Les parents, eux, préfèrent fuir le sujet, quand ils ne le diabolisent pas purement et simplement. L’école aborde parfois timidement la reproduction humaine, mais rarement les aspects sociaux, affectifs ou émotionnels liés à la sexualité. Et pourtant, les jeunes ont soif de savoir. Ils veulent comprendre leur corps, apprendre à se protéger, à faire des choix éclairés. L’éducation sexuelle ne consiste pas à encourager l’activité sexuelle, mais à donner les clés d’une vie saine et responsable.
Elle implique aussi de parler de consentement, de respect de soi et des autres. Il est temps que l’éducation sexuelle devienne une priorité dans les politiques publiques. Elle doit être adaptée à notre contexte, culturellement sensible, mais scientifiquement fondée. Car éduquer, ce n’est pas corrompre. C’est préparer. Préparer une génération à aimer sans se détruire, à vivre pleinement son humanité sans tomber dans l’ignorance ou la peur.