Quitter les amphithéâtres pour intégrer le monde du travail n’est jamais une transition anodine. Attentes, désillusions et apprentissages, les jeunes diplômés découvrent souvent un univers bien loin de ceux qu’ils imaginaient.
Comme chaque lundi matin depuis 3 semaines, Jovial, 24 ans est vêtu d’une chemise impeccablement repassée et d’un sac en bandoulière. Le jeune homme, se rend dans une structure spécialisée en informatique à Yaoundé. Diplômée depuis six mois, il résume ce moment comme le vrai début de la vie adulte. « À l’université, on nous parle des compétences, mais pas toujours du choc que représente l’entrée dans une structure. J’ai dû apprendre à me taire, à observer et à comprendre les codes », confie-t-il, un léger sourire nerveux aux lèvres.
Pour beaucoup de jeunes, le passage du campus à la hiérarchie s’apparente à un saut dans l’inconnu. Finies les libertés étudiantes, place aux objectifs, aux horaires stricts et à la pression des résultats. Emmanuel, 26 ans, ingénieur dans une entreprise de BTP, en a fait l’expérience dès son stage de fin d’études : « J’ai compris que le diplôme ne suffit pas. Au boulot, on te juge sur ta capacité à t’adapter, à gérer la pression et à travailler en équipe. Ce n’est plus une question de notes, mais de résultats. » La transition révèle aussi un profond décalage entre la formation académique et les exigences du monde professionnel. Face à ces défis, certains jeunes choisissent la voie de l’entrepreneuriat ou des petits emplois pour apprendre en marchant.
Junior, 26 ans, graphiste autodidacte, a préféré créer sa propre activité : « Je voulais éviter de dépendre d’un patron. Mais paradoxalement, j’ai compris qu’être son propre chef, c’est encore plus exigeant. Il faut de la discipline, de la rigueur, et surtout de la patience. » Entre tâtonnements et remises en question, les débuts professionnels forgent le caractère et la maturité. Une étape essentielle dans la construction de soi.