Selon les anciens élèves de ces établissements, l’internat a perdu sa valeur. Autrefois perçu comme une alternative idéale pour les enfants récalcitrants, en mal avec la discipline, aujourd’hui, certains se transforment en lieux où règnent, insécurité et mauvais vivre.
Ces établissements, sollicités par les parents pour leur capacité à remettre les jeunes sur le droit chemin, à faire d’eux des élèves studieux, dociles et obéissants, ne reflètent plus cette image pour la plupart. À la fin de leur séjour, les pensionnaires retournaient chez eux changés, grandis et redressés. L’internat, loin d’accomplir pleinement sa mission de redressement, donne parfois naissance à des individus encore plus déviants. Un enfant turbulent peut, à l’issue de son passage en internat, devenir un délinquant endurci.
Les internats, force est de constater, dépravation plus qu’ils n’éduquent. C’est le cas d’une ancienne interne qui est revenue traumatisée suite à de multiples agressions verbales et du harcèlement. La nuit, la jeune fille recevait des appels qu’elle qualifia de mystique et qu’elle n’avait jamais reçu auparavant avant qu’elle ne soit à l’internat. « Je recevais des coups de fils à des heures tardives. La personne me disait qu’elle est dans ma chambre actuellement et qu’elle me trouve très belle », relate-t-elle.
Cette situation est celle que peut vivre de nombreuses personnes dans nos internats. Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation. En premier lieu, le climat social entre les élèves se détériore, favorisant les mauvaises influences. Il est observé aujourd’hui des phénomènes comme la consommation de drogues, l’influence croissante de groupes sectaires, la consommation des boissons alcoolisées chez les jeunes internes qui devient de plus en plus récurrent et tout cela à l’insu des encadreurs.
Un ancien interne souligne que, jadis, les sanctions étaient craintes mais ils les comprenaient. Aujourd’hui, les jeunes font preuve de plus d’ingéniosité pour contourner les règles, laissant place à une forme d’anarchie difficile à contenir. À cela s’ajoute un encadrement de plus en plus laxiste, souvent par un manque de personnel d’encadrement. Là où autrefois les surveillants jouaient un rôle central dans le suivi quotidien des internes, aujourd’hui ce phénomène dépasse l’encadrement. « Avant, les élèves internes étaient les plus encadrés.
Aujourd’hui, ce sont eux qu’on retrouve le plus souvent impliqués dans des affaires de tricherie, de vol ou d’agressions », confie un encadreur. Les règles existent encore sur le papier, mais leur application est devenue aléatoire, voire inexistante. L’internat est désormais appliqué comme un camp de redressement, il réunit des enfants considérés comme délinquants ayant besoin d’encadrement lorsque cela a dépassé le parent.
Les pensionnaires, souvent marginalisés par leurs familles ou le système scolaire se retrouvent regroupés dans un lieu où la défiance envers l’autorité est déjà en place. Plutôt que d’y recevoir une seconde chance éducative, beaucoup y renforcent des comportements déviants, encouragés par l’effet de groupe. « Lorsque j’étais à l’internat, j’avais plein de nourriture et ceux qui n’en avaient pas me volaient.
Donc on m’a conseillé pour ne pas faire de polémique de revoler pour récupérer mes affaires », confie Uriel, ancien pensionnaire d’un internat.