Elle écrit nos mails, résume nos cours et trouve des idées plus vite qu’on ne le ferait. L’intelligence artificielle s’invite dans nos vies, parfois un peu trop.
Professionnelle du marketing digital, Alexia, 28 ans, confie utiliser ChatGPT pour rédiger ses mails ou affiner ses idées. « C’est un vrai gain de temps », reconnaît-elle, avant d’ajouter : « Mais je relis toujours. Sinon, tout finit par se ressembler. » Comme elle, des millions d’utilisateurs à travers le monde intègrent désormais l’intelligence artificielle (IA) à leur quotidien. De l’étudiant en quête de résumés rapides au graphiste en recherche d’inspiration, l’IA s’impose comme un assistant polyvalent. Mais derrière la commodité se cache un risque : celui d’une dépendance silencieuse. « L’IA est un outil extraordinaire, mais elle ne doit pas remplacer la pensée humaine », souligne un psychologue
« À force de déléguer nos réflexions, nous risquons de perdre notre capacité critique. » ajoute-t-il. Dans les amphithéâtres et les salles de classe, le phénomène est déjà visible. Certains enseignants reconnaissent qu’il devient facile de repérer les copies écrites avec l’aide d’une même IA. « Les formulations, les exemples, les tournures sont identiques d’un étudiant à l’autre », explique un enseignant. « On sent que chaque étudiant pose la même question à la machine, et elle génère la même réponse. Le pire, c’est qu’ils ne prennent même plus le temps d’y apporter une touche personnelle. » D’autres étudiants, plus conscients, tentent d’adopter une approche équilibrée.
Florent, étudiant géographie, raconte : « Une fois la réponse générée par l’IA, je réécris tout avec mes mots. C’est une base d’inspiration, pas un travail fini. Sinon, on finit par penser comme elle. » Les spécialistes appellent ainsi à un usage raisonné de ces outils. Ils recommandent trois réflexes essentiels : toujours relire et reformuler les textes produits, diversifier les sources d’information et s’accorder des moments « sans IA » pour stimuler sa créativité. Car, malgré ses prouesses, l’IA n’a ni intuition, ni émotion. Elle ne doute pas, ne rêve pas, ne ressent pas. Et c’est bien là que réside la richesse de l’humain : penser, imaginer, créer du sens. Les utilisateurs devraient alors apprendre à cohabiter avec cet assistant numérique, sans toutefois lui céder la clé de leurs pensées.