Chaque rentrée scolaire ravive la même angoisse pour les parents : comment obtenir une place pour leur enfant dans un établissement réputé ? Officiellement, les règles sont claires. Officieusement, elles se négocient bien souvent au prix fort.
La rentrée scolaire rime très souvent avec l’épineux problème de la recherche de places pour les enfants, que ce soit dans les établissements publics ou privés. Cette période est fréquemment considérée comme celle où les chefs d’établissement deviennent les personnalités les plus courtisées. Les parents patientent de longues heures dans les secrétariats, espérant décrocher un rendez-vous avec monsieur le proviseur pour obtenir une place dans son établissement.
Sur le papier, les règles sont strictes et connues : concours pour les nouveaux élèves, frais réglementaires pour les anciens. Mais dans la pratique, l’accès à certains établissements se transforme en véritable parcours du combattant. De nombreux parents affirment avoir dû débourser des sommes supplémentaires, parfois exorbitantes, pour inscrire leurs enfants. « Même avec un transfert en règle, on m’a demandé 50 000 F CFA en plus des frais officiels », témoigne un père d’élève en classe de Première D. Un autre parent dénonce un système de charges sans fin : « Frais d’inscription, frais d’APEE, frais d’examen. Au final, on a l’impression de payer deux ou trois fois la même chose ». Le problème trouve son origine dans la surpopulation des salles de classe. Un arrêté conjoint du Minedub et du Minesec, daté du 19 août 2022, fixe pourtant le plafond à 60 élèves par salle. Mais dans les faits, certaines classes en accueillent 90, voire plus de 100, avec des élèves serrés à trois ou quatre par banc.
Dans ce contexte, les places deviennent une denrée rare et se marchandent. Cette rareté alimente un marché parallèle, animé par des « vendeurs d’illusions » : intermédiaires autoproclamés ou personnels indélicats qui flairent l’occasion. Moyennant quelques billets et sous couvert d’une pseudo-affinité avec un chef d’établissement, ils promettent aux parents une place garantie. Résultat : un cercle vicieux où la demande nourrit la corruption, et où la corruption accentue la rareté. Si dans les faits certains parents rencontrés affirment pourtant avoir déboursés quelques billets de plus pour voir enfant avoir une place dans un établissement, côté administratif, les chefs d’établissements eux bottent en touche une telle pratique et affirment respecter la légalité.