Chaque année, près de 13 % des élèves camerounais redoublent. Pour les parents, c’est un dilemme : miser sur un nouveau départ ou pousser l’enfant vers la classe suivante malgré tout.
9,80/20. C’est la moyenne annuelle obtenue par Élodie Nstama, 16 ans, en classe de quatrième cette année. Résultat : elle ne rejoindra pas ses camarades en troisième, faute d’avoir atteint la barre minimale des 10/20. Un coup dur pour ses parents, qui espéraient mieux. « Depuis le début de l’année, elle ne travaille pas bien. Elle a commencé avec un 11 à la première séquence, puis ça n’a fait que baisser », déplore sa mère, Madame Nstama. Face à cette situation, la décision du redoublement a été prise.
Ce sera la deuxième année consécutive qu’Élodie passera en quatrième. Un redoublement difficile à vivre pour elle comme pour sa famille. « C’est vraiment frustrant de voir les enfants des autres avancer pendant que le sien reste derrière. On met l’enfant à l’école, elle ne travaille pas… On va faire comment ? », s’interroge son père. Comme la famille Nstama, de nombreux parents se retrouvent démunis face à l’échec scolaire de leurs enfants. Les parents n’adoptent pas tous la même stratégie.
Certains choisissent de laisser leur enfant redoubler dans la même école. Pour eux, voir ses camarades avancer peut servir de leit motive. La frustration de rester en arrière deviendrait ainsi un levier de motivation. « Voir ses amis passer en classe supérieure, ça va peut-être enfin le réveiller. Il doit comprendre que la vie n’attend personne », explique monsieur Kanga, père d’enfants.
D’autres parents, plus soucieux du regard des autres ou du bien-être émotionnel de leur enfant, optent pour un changement d’établissement. « Elle est de base très fragile et je ne voulais pas en rajouter. Avec sa maladie l’année n’a pas vraiment bien commencé pour elle. Elle a dû faire un mois à l’hôpital et n’a pût continuer avec les examens de la 3eme séquence », confie Justine Andela, tutrice.
Enfin, certains parents préfèrent contourner les règles en négociant le passage en classe supérieure, voire en usant de relations ou d’arrangements plus ou moins officiels. « Certains parents nous mettent une pression énorme. Si ce n’est pas avec les menaces c’est par exemple avec de l’argent qu’ils soudoyent certains enseignants. Moi-même j’ai déjà été approchée par ce genre de parents », témoigne un enseignant.