Face aux débordements de plus en plus fréquents lors des veillées funèbres, le préfet du département du Nyong-et-Mfoumou, François Franquelin Etapa, a signé le 12 mai 2025 un arrêté interdisant la vente ambulante de boissons alcoolisées sur les lieux de deuil.
La multiplication des incidents regrettables a conduit l’administrateur civil à prendre une décision ferme. Troubles à l’ordre public, comportements irrespectueux envers les familles endeuillées, bagarres, et parfois même actes de vandalisme : la consommation excessive d’alcool nuisait au recueillement et à la solennité de ces moments censés être empreints de respect. Désormais, dans les cinq arrondissements du Nyong-et-Mfoumou, les commerçants ambulants ne sont plus autorisés à déplacer leurs comptoirs vers les lieux de veillées mortuaires.
Pour justifier cet arrêté, le préfet s’est appuyé sur des textes existants, notamment le décret n°90/1483 du 9 novembre 1990 encadrant l’exploitation des débits de boissons, ainsi que l’article 273 du Code pénal camerounais. Tout contrevenant s’expose à des sanctions prévues par les articles 17, 18 et 19 dudit décret, pouvant aller de fortes amendes à des peines privatives de liberté. La mise en œuvre de cette mesure est confiée aux sous-préfets, au délégué départemental du Commerce, ainsi qu’aux forces de maintien de l’ordre, désormais chargés de surveiller les lieux de deuil et d’intervenir en cas d’infraction.
Si plusieurs chefs traditionnels et leaders communautaires saluent une décision qui vise à restaurer la dignité des cérémonies funéraires, les réactions ne sont pas unanimes. Des commerçants ambulants, dont les revenus dépendent en partie de ces rassemblements, dénoncent une mesure « brutale », risquant de fragiliser leur économie déjà précaire. Dans les rues d’Akonolinga, chef-lieu du département, les avis sont partagés. Certains applaudissent une initiative « nécessaire pour mettre fin au désordre », tandis que d’autres craignent une application inégale ou une répression excessive. La préfecture, elle, reste inflexible : « Il ne s’agit pas de pénaliser les petits commerçants, mais de rétablir la dignité des cérémonies funéraires, qui sont devenues dans certains cas de véritables fêtes alcoolisées », affirme un responsable administratif.
Alors que les excès liés à l’alcool lors des obsèques font débat dans d’autres régions du pays, le Nyong-et-Mfoumou pourrait bien ouvrir la voie à une réglementation nationale plus stricte.