Chaque année, les universités camerounaises déversent sur le marché des milliers de diplômés. Licences, masters, BTS, doctorats… Autant de parchemins brandis fièrement par de jeunes hommes et femmes, pleins d’espoir, croyant que la porte de l’emploi s’ouvrira d’elle-même. Mais très vite, la réalité les rattrape: l’emploi formel est un luxe, rare et difficile d’accès.
Dans les rues, les cybercafés, les snacks, ou sur les réseaux sociaux, les CV circulent, s’empilent, s’enterrent. Certains finissent livreurs, vendeurs ambulants, coiffeurs improvisés, créateurs de contenus, ou deviennent tout simplement des experts de la “débrouille”. Le chômage des jeunes n’est plus un sujet de table ronde, c’est une douleur quotidienne, un combat silencieux mené entre résignation et espoir.
Le plus inquiétant n’est pas seulement l’absence d’emploi, mais l’usure mentale qu’elle engendre. À quoi bon étudier si l’avenir semble verrouillé? Comment rêver quand la frustration devient chronique? Comment croire au mérite quand le piston et la corruption dictent souvent les recrutements? Pourtant, le pays regorge de jeunes talents, ingénieux, résilients, créatifs.
Mais il manque une véritable politique d’insertion, des mécanismes durables, un lien réel entre l’école et le monde du travail. Les quelques initiatives publiques ou privées, bien que louables, restent encore limitées face à l’ampleur du défi. Il est temps que les promesses politiques sur l’emploi cessent d’être des slogans.
Il est temps qu’on fasse du chômage des jeunes une priorité nationale, non pour faire plaisir aux bailleurs, mais pour sauver une génération de l’errance. Parce qu’un pays qui n’emploie pas sa jeunesse, hypothèque son avenir. Vivement que les 5000 projets qui seront financés après le salon Getec aient un impact social.