Du nettoyage des pare-brise au remplacement improvisé de plaques d’immatriculation ils sont nombreux dans certains carrefours de la ville Yaoundé qui offrent ces aux automobilistes.
Ils sont postés aux carrefours, dans les coins de rues fréquentés, parfois même à l’entrée des stations-service. Leur outil de travail est modeste : un chiffon usé, une bouteille en plastique remplie d’eau savonneuse, quelques morceaux de mousse, parfois une clé pour démonter les plaques. Mais leur savoir-faire, lui, s’est affiné au fil du temps.
Ces jeunes, souvent déscolarisés ou en quête d’occupation, se sont fait une spécialité de l’embellissement des véhicules. « Il y a le fumage des vitres, le lavage des pare-brise, le remplacement des plaques ou encore le rafistolage des portières. Chacun a sa spécialité », explique Rodrigue, 22 ans, installé depuis deux ans au lieu-dit Éducation à Yaoundé. Les prix ? Rien n’est fixe.
Tout dépend de l’état du véhicule, de la nature de la tâche, et surtout… du pouvoir de négociation du client. « Une petite tâche peut coûter 1 000 F, une plus grosse 10 000 F. C’est selon ce qu’on s’entend avec le client », confie-t-il. En moyenne, un bon jour peut rapporter jusqu’à 10 000 F, mais il arrive aussi de rentrer bredouille, sans même le prix du taxi.
Pour survivre dans cette jungle urbaine, il faut plus que du courage : de la stratégie. Certains misent sur la rapidité d’intervention, d’autres sur la polyvalence ou sur un bon emplacement. « Il faut être là tôt, avoir les bons outils et surtout ne pas gêner la circulation, sinon la mairie vient tout ramasser », se plaint un autre jeune.
La mairie, justement, est un autre obstacle. Ramassage de matériel, saisie de roues ou de plaques, pression régulière pour évacuer les lieux. Ces jeunes travailleurs informels sont souvent perçus comme des intrus sur l’espace public. Et pourtant, ils répondent à une réelle demande. « On fabrique nous-mêmes les plaques quand un client en a besoin. Chaque voiture a son numéro, on s’adapte », explique Emmanuel.