On en parle partout. Entrepreneuriat par-ci, start-up par-là, et chaque semaine un salon, un forum ou une masterclass pour « booster le potentiel entrepreneurial des jeunes ». Mais une question persiste : l’école camerounaise forme-t-elle réellement à l’entrepreneuriat, ou se contente-t-elle d’en parler comme d’un joli concept à applaudir entre deux discours officiels ?
Dans les faits, la majorité des jeunes découvre l’entrepreneuriat non pas sur les bancs, mais dans la débrouille du quotidien. Les programmes scolaires, eux, restent désespérément figés dans les années 1980, avec leurs cours de comptabilité poussiéreux, ou leur « éducation à la vie » plus moralisatrice qu’instructive. Aucun projet concret, aucune immersion réelle, aucune confrontation aux réalités du marché. Juste des définitions théoriques : « Un entrepreneur est une personne qui… ». Pendant ce temps, des jeunes se battent seuls, entre e-commerce improvisé, bricolages agricoles et services à la criée. Ils créent des micro-entreprises, parfois même sans savoir qu’ils le font.
Et souvent, ce ne sont pas les cours qui les ont inspirés, mais la faim, le chômage ou le voisin du quartier devenu « boss » sur Instagram. L’école devrait être un laboratoire d’idées, un incubateur d’initiatives, un lieu où l’on apprend à gérer un budget, monter un projet, prendre des risques. Mais pour l’instant, elle produit surtout des diplômés frustrés, armés de théories stériles et d’un CV vierge. Alors non, l’école ne forme pas vraiment à l’entrepreneuriat. Elle en parle, elle le prêche même parfois. Mais entre dire et faire, il y a tout un monde. Un monde qu’il serait peut-être temps d’enseigner. Pour de vrai.