Les alentours des structures administratives sont le terrain de jeu de ces jeunes qui se positionnent comme des intermédiaires indispensables pour qui veut éviter les lourdeurs de la bureaucratie.
« Les gens ne savent pas comment on avance », confie le jeune homme, préférant rester anonyme. Il raconte un quotidien dans lequel il fait face à de longues journées passées à attendre les clients potentiels et à « sillonner les gens » pour leur proposer son aide. Sa spécialité : les avancements de solde de fonctionnaires, les alignements ou d’autres dossiers financiers.
Une activité qui, selon lui, permet de « payer l’école », mais ne rend pas riche pour autant. Interrogé sur le modèle économique de cette activité, il se montre évasif. « Je ne peux pas te le dire », lance-t-il, invoquant un code non écrit. Si le montant exact d’une « ommission » reste secret, il laisse entendre que ce n’est pas 100 fois plus que le service en lui-même.
Il s’agit, plutôt, d’un gain journalier qui varie en fonction des opportunités. L’activité de ces démarcheurs est bien connue, mais elle est loin d’être officielle. “Ce n’est pas légal. Ce n’est pas bien,” admet le démarcheur, tout en relativisant : “Ce n’est pas bien, mais ça ne tue personne.” Pour lui, il s’agit d’un mal nécessaire, une réponse à la lenteur et à la complexité des procédures administratives.
Certains clients, désireux de « s’assurer » que leurs dossiers avancent, demandent une forme de garantie. Le démarcheur répond par une fin de non-recevoir. « Je ne peux pas te faire une assurance comme ça », affirme-t-il, évoquant les risques et la nature informelle de son travail. L’activité repose sur la confiance ou le désespoir des usagers. Le jeune homme pointe du doigt le contraste entre la nécessité de ces services et leur illégalité.
Pour lui, les usagers qui payent pour obtenir un service qui devrait être gratuit sont « des gens qui aiment la facilité ». Mais il y a une lueur de regrets dans ses propos : il aurait pu s’orienter vers une autre voie, comme « l’industrie » mais la réalité l’a rattrapé. Le phénomène des « démarcheurs » est une illustration du système D qui prévaut dans une partie de l’économie informelle au Cameroun.
Si leur existence répond à un besoin réel, elle soulève des questions sur le dysfonctionnement de l’administration et la facilité avec laquelle les citoyens sont prêts à contourner la voie légale pour obtenir un service.