Les États généraux sur la gestion des déchets urbains se sont ouverts ce 6 mai 2025 à l’Hôtel de Ville de Yaoundé, sous la présidence de la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtes. Objectif des travaux : faire des déchets un levier de création d’emplois.
Plus de 10 000 emplois verts pourraient voir le jour grâce à une meilleure gestion des déchets au Cameroun. Ce chiffre, avancé par François Ossama, conseiller technique n°2 au MINHDU, illustre l’ampleur d’un enjeu crucial : le pays produit chaque année plus de 6 millions de tonnes de déchets, dont 600 000 tonnes de plastiques, mais moins de 10 % sont recyclés. Un immense gaspillage de ressources qui, au-delà de ses conséquences écologiques, représente une perte économique majeure. « Une réforme juridique et institutionnelle est urgente pour structurer ce secteur et en capter le plein potentiel », a plaidé le haut fonctionnaire. Experts, élus locaux, chefs d’entreprise et représentants de la société civile partagent ce constat.
Pour eux, les déchets ne sont plus une nuisance, mais une ressource à valoriser. La leçon inaugurale du professeur Raoul Ayissi Domingo, directeur de l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, a donné le ton. En quinze minutes, il a esquissé les contours d’un modèle économique fondé sur la valorisation des déchets : production d’énergie à partir de la biomasse, fabrication de matériaux recyclés, compostage, etc. « Les déchets sont un gisement encore sous-exploité. Ils peuvent générer de la richesse et créer des emplois décents, notamment pour les jeunes », a-t-il affirmé.
Les villes de Yaoundé et Douala, principales productrices de déchets solides ménagers, ont dressé l’état des lieux de leurs systèmes de gestion. Les interventions des cadres des communautés urbaines ont mis en lumière les défis quotidiens : infrastructures insuffisantes, collecte mal organisée, faible sensibilisation des populations. Mais si les obstacles sont nombreux, les solutions existent. Des entreprises ont présenté des innovations concrètes dans le compostage, le recyclage du plastique ou la valorisation énergétique. Ces initiatives inspirantes prouvent que l’économie circulaire n’est plus une utopie. Ces États généraux, qui s’achèvent ce 7 mai, sont l’aboutissement d’une vaste campagne nationale de collecte d’idées et de projets, menée du 15 au 30 avril dernier.
Tables rondes, visites de terrain et expositions témoignent d’un engagement national en faveur d’un urbanisme plus durable et plus inclusif. Les ambitions sont grandes, mais devront désormais être traduites en politiques publiques concrètes, financées et rigoureusement suivies. Le Cameroun se trouve à la croisée des chemins : continuer à subir les déchets ou les transformer en une source de croissance verte. Avec, à la clé, la création potentielle de 10 000 emplois verts. Un avenir plus propre et plus prospère se dessine pour nos villes et leurs habitants.