En dépit du démenti officiel du MINESEC sur la prétendue suspension des cours, la peur persiste. Dans les zones reculées, la panique gagne du terrain.
Dans de nombreux établissements scolaires, notamment dans la partie septentrionale du pays, les classes se sont vidées progressivement. À Maroua, un correspondant local décrit une atmosphère de grande inquiétude : « Du point de vue général, les cours se sont arrêtés, les élèves ne vont plus à l’école. Même dans les zones les plus reculées, où les manifestations ne sont pas visibles, la panique a gagné du terrain. Les élèves saisissent plutôt l’occasion pour aller aider les parents dans les champs et au village », rapporte-t-il. Cette situation s’inscrit dans un climat social tendu marqué par des manifestations de jeunes dans plusieurs villes du pays. Si les autorités appellent au calme et à la poursuite des activités scolaires, la méfiance persiste au sein de la population.
À Douala, la scène est différente, mais le sentiment d’incertitude reste perceptible. Certains parents estiment que la situation ne justifie pas une interruption des cours : « Il n’y a pas de réel danger ici. Les enfants vont à l’école, mais timidement », témoigne un parent. Pourtant, plusieurs établissements ont tourné au ralenti ces derniers jours. Les secrétariats bureautiques ont rouvert seulement le 30 octobre 2025, après trois jours de fermeture. À Yaoundé, certains parents préfèrent garder leurs enfants à la maison, tandis que d’autres les laissent partir en classe.
Universités : prudence et continuité à distance
À l’Université de Douala, notamment à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), les enseignants préfèrent temporiser. « Nous avons demandé aux étudiants d’attendre encore quelques jours, le temps d’évaluer la situation », confie Dimitri Balla, enseignant. Du côté de l’Université Saint-Jérôme, la direction a rapidement pris des dispositions pour garantir la continuité académique : « Dès que les troubles ont débuté, nous avons pris la précaution des cours en ligne pour assurer la continuité pédagogique toute cette semaine », explique un enseignant. Dans un quartier du campus 2 à Douala, les deux principales écoles primaires privées sont fermées. Les élèves sont à la maison et errent dans le quartier. Selon les informations recueillies auprès d’un correspondant, les établissements n’envisageraient une réouverture qu’à partir de lundi 3 octobre 2025.
Entre incertitude et résilience
Alors que les autorités tentent de rassurer, le contraste est saisissant entre les zones urbaines où les cours reprennent timidement et les régions rurales où la reprise paraît encore lointaine. Si certains y voient une mesure de précaution légitime, d’autres dénoncent l’impact de la peur sur le droit à l’éducation. En attendant un retour complet à la normale, le système éducatif camerounais fait face, une fois de plus, à une épreuve qui met en lumière les fragilités sociales et communicationnelles du pays en période de tension.
































































