En Chine, les créateurs de contenu devront désormais être certifiés pour aborder des sujets comme le droit, la finance ou la médecine. Une mesure qui, au vu de la liberté avec laquelle certains s’improvisent experts en tout, ne serait peut-être pas inutile ailleurs.
Sur Internet, tout le monde a un avis. Et surtout, tout le monde le partage. Santé, éducation, géopolitique, relations amoureuses ou astrologie : rien n’échappe au savoir des influenceurs. Mais en Chine, le gouvernement a décidé de poser des limites. Désormais, les créateurs qui souhaitent s’exprimer sur des sujets dits « sensibles », droit, médecine, finance, éducation, ou encore relations internationales, devront posséder des certifications officielles. L’objectif affiché : assainir les contenus en ligne et éviter la désinformation. Une mesure qui, à première vue, peut sembler autoritaire, mais qui pose aussi une vraie question : faut-il un minimum de compétences pour influencer ?
Car sur les réseaux, rares sont ceux qui résistent à la tentation de sortir de leur zone de confort. L’influenceuse beauté qui se découvre soudain une passion pour la psychologie, le youtubeur lifestyle qui devient coach financier du jour au lendemain, ou encore le tiktokeur humoriste qui commente la politique étrangère entre deux danses… Le phénomène est universel. Cette évolution du métier d’influenceur révèle une forme de quête de légitimité. Les communautés attendent de plus en plus des créateurs qu’ils « éduquent », qu’ils « informent », qu’ils « prennent position ». Résultat : chacun veut prouver qu’il est capable de parler de tout.
Même sans formation, sans sources fiables, parfois même sans réel intérêt pour le sujet. Et c’est là que la ligne devient floue : entre liberté d’expression et propagation d’idées approximatives, la frontière se réduit souvent à un filtre TikTok. Bien sûr, imposer des diplômes à tous les influenceurs n’est ni réaliste ni souhaitable. Les réseaux sociaux restent un espace d’échange libre et c’est aussi ce qui fait leur force. Mais à l’heure où une simple vidéo virale peut peser sur les comportements de santé, les décisions financières ou même les opinions politiques, la responsabilité numérique devient un vrai enjeu.
Peut-être qu’il ne s’agit pas d’un diplôme, mais d’une forme de culture du doute à encourager : vérifier, croiser les infos, ne pas tout avaler parce que « c’est vu sur le meta ». Alors oui, la Chine pousse le curseur très loin. Mais entre leurs influenceurs certifiés et les auto-proclamés, il y a sans doute un juste milieu à inventer. Un espace où l’on pourrait continuer à s’exprimer librement, sans transformer Internet en salle de classe mais sans non plus le laisser devenir une gigantesque foire aux conseils experts sortis de nulle part. Et si, finalement, le vrai diplôme à avoir pour parler sur Internet, c’était celui du bon sens ?
































































