Bras qui se balancent avec grâce, coups de hanche accentués : le challenge sur le son d’Aya Nakamura est repris par les hommes sur le réseau social TikTok.
Impossible de chiffrer précisément le nombre de participants. Des centaines de vidéos circulent déjà, cumulant des milliers de vues. D’un côté, des internautes saluent l’audace et l’humour de ces hommes qui s’approprient une chanson emblématique de la chanteuse française d’origine malienne. De l’autre, certains dénoncent une « caricature » de la féminité ou une « provocation inutile ». Le phénomène ne tombe pas du ciel.
Les réseaux sociaux raffolent depuis quelques années de challenges jouant avec les codes de genre. On se souvient du hashtag #WomenInMaleFields, où les femmes imitaient les comportements jugés sexistes des hommes. Ici, le mouvement prend une tournure différente : les hommes endossent volontairement la posture de la « bad bitch », figure popularisée dans la culture musicale afro-urbaine et revendiquée par Aya Nakamura dans plusieurs de ses titres. « C’est un moyen pour eux de se lâcher, de briser un peu l’image du macho africain », analyse Djénèba Kamité,internaute et étudiante en sociologie. « Mais ça bouscule aussi nos représentations du genre.
Quand un homme danse en mode Aya, certains trouvent ça drôle, mais moi je vois une atteinte à la virilité ». Si certains créateurs assument un ton humoristique, d’autres revendiquent simplement le plaisir de danser « comme bon leur semble ». Le challenge devient alors un espace de jeu où la masculinité peut se permettre d’être fluide, quitte à susciter des critiques. « On a l’impression que les réseaux deviennent un laboratoire où les codes de genre sont testés en direct », observe un internaute. « Certains se sentent menacés, d’autres libérés ».
Reste à savoir si le challenge Comportement n’est qu’une mode passagère ou s’il marque une évolution plus profonde dans la manière dont les jeunes hommes abordent la performance du genre en ligne. Une chose est sûre : Aya Nakamura, sans avoir rien demandé, s’impose une fois de plus comme la bande-son d’une génération qui aime brouiller les frontières, danser à contre-courant et provoquer le débat.