Les livres numériques séduisent de plus en plus de jeunes, mais cette mutation bouleverse les habitudes de lecture et questionne la place qu’occupent encore les bibliothèques.
Publiques ou universitaires, les habitués se font désormais rares dans les couloirs des bibliothèques. « Avant, nous accueillions au moins une vingtaine de personnes par jour, aujourd’hui comme vous pouvez le constater, c’est le désert », explique madame Ngono, bibliothécaire.
Pour de nombreux étudiants, la consultation en ligne est devenue la norme. Le lieu physique de lecture perd ainsi de son attrait, au profit d’un accès instantané depuis un appareil portable. « J’ai toute ma bibliothèque dans mon téléphone, ce qui m’arrange car je n’ai pas vraiment de place pour cela dans ma chambre », confie Emmanuel, étudiant.
« C’est plus fluide sur ma tablette, je peux chercher un mot, surligner un passage et revenir facilement en arrière. Sur papier, ce n’est pas aussi simple », explique Priscille, étudiante en lettres. « Le problème avec la bibliothèque c’est qu’en réalité le livre ne nous appartient pas, une fois sa lecture terminée tu le remets et pourtant tu paies quand même un abonnement » ajoute l’étudiante.
Les livres numériques offrent alors un confort inédit : il est possible de garder, annoter et même consulter des centaines de textes sans grands efforts, une mobilité que le papier ne permet pas toujours.
Un coût léger pour le lecteur, lourd pour l’auteur
Acheter un livre physique reste couteux pour de nombreux étudiants « Honnêtement j’aime les livres papier, mais je n’ai pas toujours les moyens de ma politique. Entre acheter un livre à 6000 francs CFA et le télécharger pour quelques mégas, vous-même » confie Cassandra, étudiante.
Le téléchargement gratuit semble alors être la solution idéale, mais avec un revers : « Les téléchargements très souvent illégaux privent les auteurs des revenus qui leur reviennent après chaque vente », explique Madame Ngono. Ainsi, ce « gain » apparent a un cout réel pour les auteurs.
Entre tradition et innovation
Plutôt que d’opposer le papier et le numérique, plusieurs bibliothèques explorent désormais la voie de la cohabitation. Certaines mettent à disposition des espaces hybrides où tables de lecture côtoient prises électriques et bornes Wi-Fi, pour que chacun puisse lire à sa façon. D’autres instaurent des « rendez-vous » de lecture à thème, espérant ainsi attirer un maximum de monde.
Loin de signer la fin du livre papier, ces initiatives montrent qu’il est possible de conjuguer le plaisir tactile des pages tournées avec la praticité des supports numériques. Car au fond, qu’il se feuillette ou qu’il se fasse défiler du bout du doigt, un livre reste avant tout une porte ouverte sur le savoir et l’imaginaire.