Ces perles de hanches au charme discret, longtemps réservées aux initiées des sociétés traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, refont aujourd’hui surface dans la vie de nombreuses jeunes filles.
À l’origine, le terme “baya” vient du peuple Malinké et signifie littéralement « être mère ». Au-delà d’être un simple accessoire, il est un marqueur social, identitaire et spirituel. Dans la tradition, le baya accompagne la jeune fille lors de sa transition vers la maturité. Il sert de talisman protecteur, chargé de symbolique, voire d’énergies spirituelles censées préserver l’équilibre de celle qui le porte. Fabriqué à base de perles, de coquillages, de métal ou de graines, il est censé porter chance, favoriser la fertilité ou encore éloigner le mal.
Mais aujourd’hui, un vent de psychose souffle autour de ces chaînes de hanches, notamment chez les adolescentes et jeunes femmes qui les adoptent en dehors de tout cadre traditionnel. Dans certaines familles, le baya est désormais vu comme un outil d’envoûtement, voire une porte ouverte vers des pratiques occultes. « Elle a mis ça pour attacher les hommes », entend-on souvent dans les rues, où la rumeur enfle autour d’un pouvoir supposé surnaturel attribué au bijou. Face à cette psychose, beaucoup de parents s’inquiètent.
Les réseaux sociaux, où des influenceuses affichent fièrement leurs bayas, amplifient le phénomène. Certaines jeunes filles les portent pour suivre la tendance, sans toujours comprendre leur portée symbolique. D’autres les utilisent consciemment dans des pratiques spirituelles ou ésotériques. Le flou entre tradition, fétichisme et simple coquetterie brouille les pistes.
Du côté des autorités religieuses et morales, le débat est aussi vif. Tandis que certains dénoncent une banalisation de pratiques mystiques, d’autres y voient un simple retour à une identité culturelle oubliée. Le port du baya devient alors un acte de réappropriation de son corps, de son histoire, de sa féminité.
Ce bijou discret, invisible sous les vêtements, agit comme un secret intime, parfois lourd de sens. Mais alors, pourquoi tant de peurs autour d’un simple bijou ? C’est peut-être justement parce que le baya touche à l’intime, au mystique, à ce que l’on ne comprend pas toujours. Il incarne un pouvoir féminin que beaucoup redoutent ou mal interprètent. À une époque où la jeunesse cherche ses repères, le retour au baya révèle un besoin de connexion, d’identité, mais aussi de pouvoir personnel.
Faut-il donc craindre ou comprendre les bayas chez les jeunes filles ? Plutôt que de sombrer dans la psychose, il est peut-être temps d’éduquer, d’expliquer et de dialoguer autour de ces objets hérités des ancêtres. Car, au fond, un bijou ne détient que le pouvoir qu’on lui accorde.