Ecrivain, cinéaste, producteur et bâtisseur culturel, il est le délégué général du Festival Écrans Noirs, qu’il a fondé en 1997.
Son histoire est celle d’un homme passionné qui a toujours vu dans l’art du récit une arme de combat, un outil de mémoire et un levier de transformation sociale. Né en 1957 à Ninje, dans le Centre du Cameroun, il s’est d’abord fait connaître comme écrivain. Son roman « Sango Malo, le maître du canton », publié en 1981, brosse le portrait d’un instituteur idéaliste confronté à un système figé. L’œuvre, saluée pour sa lucidité, devient un film en 1991. C’est le début d’une carrière cinématographique portée par une ambition claire : raconter l’Afrique par les Africains, pour les Africains.
Il enchaîne en 1993 avec « Le Grand Blanc de Lambaréné », une relecture critique du mythe Albert Schweitzer. Bassek y dévoile l’ambiguïté d’un médecin vénéré, mais paternaliste, qui incarne à lui seul la complexité des relations Nord-Sud. Ce film, audacieux, confirme son statut de cinéaste engagé, courageux et rigoureux. Mais c’est dans la structuration du paysage cinématographique qu’il marquera le plus durablement son époque. Avec Écrans Noirs, il offre au continent une vitrine et une plateforme.
Le festival devient un lieu de célébration, de réflexion et surtout de formation. Il attire chaque année à Yaoundé des réalisateurs, critiques, étudiants, producteurs, venus du Cameroun, d’Afrique et d’ailleurs. Conscient que le cinéma ne peut prospérer sans formation, il fonde l’ISCAC (Institut Supérieur de Cinéma d’Afrique Centrale). Dans cette école, les jeunes talents sont formés aux métiers du 7e art, avec une exigence professionnelle et une conscience culturelle forte.
Pour lui, il ne suffit pas de produire des films : il faut bâtir une industrie, transmettre un savoir-faire, et ancrer le cinéma dans les réalités locales. Loin du vedettariat, Bassek Ba Kobhio incarne un cinéma d’engagement, de transmission et de dignité. Sa vie est un plaidoyer pour l’image comme outil de souveraineté. Et si le cinéma africain commence à se raconter lui-même, c’est aussi parce qu’un homme, un jour, a choisi de lui tendre un écran et une voix.