Grâce à ce qu’on appelle vulgairement « Soya », Adamou Berki gagne entre 30 000 et 40 000 francs par jour.
Sous les lueurs vacillantes des braises, Adamou Berki manie ses brochettes comme un chef d’orchestre. Installé depuis cinq ans au carrefour fabrique Ngousso à Yaoundé, ce vendeur de « soya » a bâti sa vie autour de la viande grillée. « Je commence vers 16h et je ne remballe qu’après minuit, parfois même à 2h du matin. Chaque jour, je prépare environ 15 kilos de viande. Si tout part, je peux rentrer avec 30 000 à 40 000 francs de bénéfice », confie-t-il, un sourire dans la fumée. De quoi assurer le loyer, la scolarité de ses trois enfants et même épargner un peu pour terminer sa maison en construction. Derrière l’odeur appétissante des épices, son commerce cache une organisation minutieuse.
Chaque matin, Adamou se rend au marché pour acheter la viande, négocier les prix, et prévoir l’assaisonnement.Les condiments (ail, gingembre, poivre, cube) sont préparés par sa femme. Le soir venu, c’est tout un ballet : les clients affluent. « Le soya, ça marche toujours. Les gens aiment ça. Même quand l’argent ne circule pas, une brochette à 100 francs trouve toujours preneur. Mais il faut aussi trouver de bons endroits où vendre comme les carrefours», explique Adamou. La fidélité de ses clients est son plus grand capital. Mais le métier n’est pas sans contraintes.
La concurrence est rude, l’hygiène parfois pointée du doigt, et la hausse du prix de la viande menace ses marges. « Avant, le kilo de bœuf était à 2 500 francs. Aujourd’hui, c’est souvent 3 500 parfois même 4000 », explique-t-il. Pourtant, loin de se décourager, Adamou rêve grand.Il envisage d’ouvrir un petit restaurant spécialisé dans le soya, avec des tables et un service plus organisé. « Je veux que mes enfants voient que ce métier peut être une vraie entreprise, pas seulement un petit commerce », dit-il. Et tant que la fumée s’élèvera dans ce petit comptoir, des revenus bien « saucés » continueront de s’écrire en brochettes.