Disqualifié de la présidentielle de 2025, Léopold Bessiping, professeur de sciences physiques, a utilisé l’arène politique pour dénoncer ce qu’il considère comme une profonde injustice administrative. Au-delà de l’ambition politique, le cas de cet enseignant met en lumière les dysfonctionnements du traitement des fonctionnaires au Cameroun.
C’est un seigneur de la craie de plus abusé, méprisé, ruiné par la mauvaise condition des enseignants au Cameroun. Léopold Bessiping s’est présenté à la présidentielle du 12 octobre 2025 non pas avec l’illusion de devenir chef de l’État, mais avec la ferme intention de se faire entendre. Le 26 juillet 2025, chemise sous le bras, sieur Bessiping a déposé aux alentours de 20 heures son dossier de candidature au siège d’ELECAM. Quelques jours plus tard, il est disqualifié par le Conseil électoral, mais l’homme n’en démord pas : sa démarche est un cri d’alerte face à une injustice qu’il dit subir depuis plusieurs années : Le paiement de sa suspension abusive de solde par le Ministère des enseignements secondaires. Tout commence en novembre 2021, alors qu’il est en fonction au lycée bilingue de Penka-Michel, dans la région de l’Ouest. Bessiping, professeur de sciences physiques, découvre un jour à la banque que son salaire n’est plus versé depuis cinq mois. Aucune notification officielle, aucun avertissement préalable.
Le proviseur de son établissement évoque une correspondance du sous-préfet, mais refuse d’en dire davantage. C’est au ministère des Enseignements secondaires que le couperet tombe : il a été suspendu de solde sans explication claire. L’enseignant finit par comprendre que son dossier a disparu des services compétents. « Quelqu’un est entré dans un bureau, a volé mon dossier, et cinq mois après, on me dit que mon solde a été suspendu », déplore-t-il. Face à ce qu’il qualifie d’abus, Bessiping saisit le tribunal de grande instance du Mfoundi et dépose une plainte contre la ministre des Enseignements secondaires. Il obtient gain de cause auprès de l’administration qui rétablit son salaire, mais refuse de lui verser les rappels dus. L’affaire traîne au tribunal et l’enseignant se dit ruiné, marginalisé et poussé au silence.
Un acte politique comme levier de dénonciation
Pour faire bouger les lignes, Léopold Bessiping décide de passer à une autre étape : la politique. Il ravive alors un parti qu’il avait fondé en 1997, le Rassemblement des forces écologiques pour la relance de l’économie (Rfere). Il dépose sa candidature à la présidentielle, bien conscient que ses chances d’être élu sont minces. Son objectif est ailleurs : attirer l’attention sur son combat.
Lors du contentieux électoral du 4 juillet 2025, il expose sa situation devant les membres du Conseil constitutionnel. « Je savais que ce recours allait être rejeté. Dans ma requête, j’ai signalé que, tant qu’on ne tient pas compte que je suis en procès, qu’on ne sorte pas la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle », plaide-t-il. Mais son recours est jugé irrecevable par le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana. Un autre seigneur de la craie, méprisé en mondovision, mais qui a eu le mérite, malgré les moqueries, de se faire entendre sur la tribune la plus prestigieuse du pays.