Le 16 juin 2025, le Cameroun s’est joint aux autres nations du continent pour célébrer la Journée de l’Enfant Africain sous le thème « Planification et budgétisation des droits de l’enfant : progrès depuis 2010 ».
À Yaoundé, la ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene, a tenu un point de presse au cours duquel elle a dressé un bilan des efforts fournis par le gouvernement depuis une quinzaine d’années. Elle a salué les progrès enregistrés dans l’accès à l’éducation de base, la vaccination, la création de centres d’accueil pour enfants en détresse, et les politiques d’inclusion. Toutefois, elle a reconnu qu’il reste du chemin à parcourir pour que chaque enfant bénéficie pleinement de ses droits.
La Journée de l’Enfant Africain, célébrée chaque 16 juin depuis 1991, rend hommage aux enfants de Soweto, en Afrique du Sud, tués en 1976 alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour un enseignement de qualité. Près de cinquante ans plus tard, de nombreux enfants africains continuent de vivre dans des conditions précaires. Dans plusieurs quartiers de Yaoundé et Douala, la réalité des enfants travailleurs est choquante. Ils vendent de l’eau, des arachides, lavent les vitres des voitures ou portent les sacs des passants dans les marchés. Ces jeunes adolescents devraient être en classe.
Au lieu d’être protégés, ils se retrouvent à porter la charge du quotidien, dans une inversion brutale des rôles familiaux. Dans certaines familles, ce sont eux qui subviennent aux besoins en nourriture. Malgré la mise en place de plans nationaux et d’actions concertées avec les partenaires internationaux, beaucoup d’enfants restent en marge: sans acte de naissance, sans accès aux soins, exposés à des violences physiques et morales, parfois privés d’un simple toit. La planification budgétaire en leur faveur, bien que mentionnée dans les discours, peine encore à se traduire en résultats palpables sur le terrain.
Le thème de cette année insiste sur le fait que, pour que les droits de l’enfant soient effectifs, ils doivent être intégrés dans les politiques publiques, mais surtout accompagnés de budgets concrets, suivis et évalués. Il ne suffit pas d’avoir des lois ou des promesses. Il faut des ressources, de la volonté et un suivi rigoureux. Alors que les discours officiels s’alignent sur les standards internationaux, la réalité quotidienne rappelle l’urgence d’agir autrement. Car un enfant qui mendie ou travaille pour survivre, c’est une société qui échoue à se construire durablement. La Journée de l’Enfant Africain ne doit pas être une simple commémoration, mais un cri de conscience pour bâtir un avenir où chaque enfant pourra vivre, apprendre et grandir dignement.