Très connu sur les réseaux sociaux pour ses vidéos de danse qui captivent ses fans, Le Joker a troqué sa casquette de danseur-chorégraphe pour celle de chanteur. Dans cet entretien exclusif, il nous dévoile les raisons de cette transition et ses ambitions pour l’avenir.
L’année dernière, vous avez repris un extrait d’un morceau de Lady Ponce. La trend et la chorégraphie ont rencontré un énorme succès sur les réseaux sociaux. D’où vous est venue l’idée de cette initiative ?
C’est une idée qui m’est venue naturellement. J’étais chez moi, je devais recevoir ma mère un matin. Lorsqu’elle arrive dans mon quartier, elle m’appelle j’étais justement sur TikTok. C’est là que je tombe sur une vidéo d’un groupe de danse appelé « La Cabane de la Danse ». Ils avaient déjà créé une chorégraphie. Alors, je l’ai reprise à ma manière, avec mon style, des pas légers, beaucoup de souplesse et de lenteur. J’ai immédiatement posté la vidéo sur mon compte. Et quand je reviens plus tard, je vois que les gens apprécient vraiment. Je fais une deuxième… et à ma grande surprise, ça explose sur les réseaux. J’ai eu beaucoup de retours positifs.
Parlons justement de ces retours. Lady Ponce a validé la vidéo en vous félicitant publiquement. Comment avez-vous vécu ce moment ? Quelles ont été vos émotions ?
Je n’étais même pas au courant au début. Rien n’était calculé. C’est Chakala VIP qui m’appelle pour me dire : « Mon fils, Lady Ponce a reposté ta vidéo. » Je vais directement sur mes réseaux, et effectivement, elle l’avait partagée. Elle m’a félicité et m’a même recommandé auprès de certaines personnes. Là, je me suis dit : « Waouh, je viens de faire quelque chose de fort. »
Est-ce ce remix qui vous a propulsé sur le devant de la scène ?
Exactement. Je ne peux pas dire le contraire. Ce challenge a rappelé aux gens que j’existais. Depuis 2023, j’avais mis la danse de côté. Mais c’est vraiment en 2024 que les choses ont commencé à changer. Avant, j’étais le danseur d’un artiste, j’étais un peu dans l’ombre.
Votre façon de danser est très particulière : tout est dans la souplesse et la lenteur. Est-ce un choix artistique délibéré ?
Oui, c’est travaillé. Dans notre univers, tout le monde ne peut pas faire la même chose. Il faut savoir se démarquer. Il est important de prendre le temps de réfléchir pour proposer quelque chose de nouveau, qui marque les esprits. Il y a ceux qui dansent avec force, d’autres qui chantent et dansent. Moi, j’ai voulu imposer mon propre style. C’est dans ma nature, je ne force rien même pas la danse.
Comment s’est faite la transition entre la danse et la musique ?
La danse, c’est ma vie, c’est ma passion. Mais en 2023, j’avais un nouveau challenge. La transition s’est faite naturellement. Quand je chante, je veux qu’on se dise : « Celui qui chante là, c’est le même qui danse. » Et aujourd’hui, les choses se passent exactement comme je l’avais imaginé.
Justement, vous venez de sortir un nouveau titre intitulé « Mattas ». Quelle est l’histoire derrière cette chanson ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
(Rires) J’avais trop de soucis. Je voulais sortir un morceau qui reflète un peu nos réalités. C’est de là qu’est né Mattas. Je voulais aussi que ce morceau reflète ma vision artistique. Parce que dans cette industrie, beaucoup d’artistes arrivent, mais peu s’en sortent. Moi, je veux faire la différence. Mattas, c’est un mélange : je prends un beat du Congo, je le ramène au Cameroun. Et je pense que c’est ce mélange qui donne à la chanson toute sa particularité.
Pour la promotion de Mattas, vous avez fait le tour des médias jusqu’à en Côte d’Ivoire. Pourquoi aller aussi loin ?
Parce que je prépare un remix avec un artiste ivoirien. On s’est dit, avec l’équipe et ma maison de production, que se serait bien de faire d’une pierre deux coups : la promo du son, le tournage du clip, et quelques émissions sur place. D’où le voyage.
Vous avez parlé d’une collaboration avec un artiste ivoirien. De qui s’agit-il, et comment cela s’est-il fait ?
Le plus important dans une collaboration, c’est le feeling entre artistes. Depuis janvier 2025, j’ai signé avec une maison de production. Le premier projet qu’on avait décidé, c’était le remix de Matas. On s’est dit qu’il fallait un artiste ivoirien pour donner une autre couleur au morceau. Yves Roland Djé-Djé, un grand frère en Côte d’Ivoire ancien community manager de DJ Arafat me suivait à cause de la chanson Mattas. Je lui ai parlé de mon envie de faire un remix, et il m’a dit de choisir l’artiste, qu’il s’occuperait du reste. On a d’abord pensé à DJ Ema, mais son style était trop bruyant pour ce que je voulais. Je cherchais quelqu’un de plus mélodique. Mon meilleur ami m’a alors suggéré Sté Milano. J’en ai parlé à la production, elle a validé. On a envoyé la prod à Milano, il nous a renvoyé une première vidéo… et c’est comme ça que tout a commencé.
Comment avez-vous été accueilli en Côte d’Ivoire ?
Super bien ! Franchement, je ne m’attendais pas à un accueil pareil. Pendant les émissions, le public chantait la chanson, mimait les pas de danse. J’ai été, entre guillemets, adopté. Parfois, on ne se rend pas compte de l’impact de notre travail. C’est souvent au-delà de nos frontières que tout cela prend tout son sens.