Ils parlent de tout, sauf de leur santé. Tabou, peur ou ignorance, les jeunes hommes restent nombreux à fuir le dépistage. Pourtant, les cancers de la prostate et du testicule continuent de faire des victimes. En ce mois de Novembre bleu, l’heure est à la parole et à la prévention.
« Franchement, je n’ai jamais pensé à aller me faire dépister », avoue Yannick, 26 ans, étudiant. « On se dit que c’est pour les vieux, pas pour nous. » Comme lui, beaucoup ignorent que les cancers masculins touchent aussi les jeunes, et que se faire dépister à temps peut tout changer. Chez les jeunes hommes, la santé intime est souvent un sujet gênant. Parler de la prostate ou des testicules fait rire, ou met mal à l’aise.
« Certains hommes ont du mal à parler de leur santé intime parce que, sans vouloir vous mentir, entre nous, hommes, il y a de petites intrigues. » explique Hugues, « Mais selon moi, il n’y a vraiment pas de quoi avoir honte. » ajoute le technicien en génie civil. Pour Arthur, 24 ans, le sujet soulève automatiquement la moquerie « Si tu dis que tu vas faire un examen de la prostate, tout le monde te regarde bizarre ».
Et cette réaction est due à l’éducation africaine. Celle dans laquelle, on apprend tôt à « être fort », à ne pas montrer la peur ni la douleur. Résultat : beaucoup attendent d’avoir vraiment mal avant d’aller voir un médecin. Et c’est là que le danger commence. Les médecins disent pourtant que plus un cancer est dépisté tôt, plus les chances de guérison sont grandes.
Comprendre le cancer de la prostate
La prostate est une petite glande, de la taille d’une noix, située sous la vessie. Elle entoure le canal qui permet à l’urine et au sperme de sortir. Sa fonction principale : produire le liquide séminal, composant essentiel du sperme. Le cancer de la prostate survient quand certaines cellules de cette glande se multiplient de manière incontrôlée.
Au début, la maladie ne provoque souvent aucun symptôme, ce qui rend le dépistage essentiel. Selon les médecins, c’est aujourd’hui le cancer le plus fréquent chez les hommes.
Le cancer du testicule, moins connu
Le cancer du testicule concerne surtout les hommes jeunes, entre 15 et 35 ans. Il débute souvent par une boule ou une gêne dans un testicule, parfois indolore.Mais là aussi, la gêne est grande. « On n’en parle pas parce que c’est trop intime », explique Michel, 27 ans. « Tu remarques une petite douleur, tu te dis que ça va passer. »Pourtant, les médecins disent que le cancer du testicule se soigne très bien s’il est détecté tôt. Il suffit d’apprendre à s’auto-palper de temps en temps et de consulter dès qu’on sent quelque chose d’anormal.
Le rôle des femmes et des proches
Parce que oui les femmes et les proches jouent un rôle majeur. Dans beaucoup de foyers, ce sont les femmes qui en parlent d’abord. « Ma copine m’a déjà dit d’aller faire des examens » reconnaît Arsène, 30 ans. « Sinon, moi, je n’y aurais même pas pensé. »
En ce mois de novembre, il ne s’agit pas seulement de crier haut et fort, sa virilité, mais de faire tomber les tabous. Parce qu’être un homme, c’est aussi avoir le courage de se protéger.

























































