Entre qualité, variété et négociation, ces commerçants de rue ont su créer un espace d’échange culturel et économique.
Le long du trottoir jouxtant l’immeuble T. Bella, une véritable galerie à ciel ouvert s’étale sous les yeux des passants. Une quarantaine de vendeurs proposent chacun des centaines d’objets d’art : masques en bronze, statuettes en bois, bijoux artisanaux, cannes sculptées ou encore horloges décoratives. Une diversité impressionnante qui attire les clients de tous profils. Pascal, un client, est séduit par une statuette en bronze. Il entame une discussion animée avec Olivier O, le vendeur, pour en négocier le prix. « Je pourrais te l’acheter à 10.000 F ? La finition est magnifique », tente-t-il. Après dix minutes d’échange, les deux parties s’entendent. Pour d’autres clients comme Amélie, le choix et les prix abordables sont des arguments de poids : « Ici, on peut comparer, négocier, et repartir satisfait ».
Les tarifs varient selon l’article et la capacité financière du client. Un bracelet peut coûter 2.000 F, tandis qu’une sculpture plus élaborée peut atteindre 800.000 F. « Parfois, un client peut payer le double du prix selon son intérêt pour l’objet. Le contact direct nous aide à mieux comprendre la demande », explique Olivier. Si les revenus ne sont pas constants, certains jours sont fructueux. « Il m’arrive de ne rien vendre, mais un bon jour, je peux faire jusqu’à 700.000 F », confie un autre vendeur. Ce marché d’art informel, bien que vulnérable, prouve qu’à Yaoundé, la culture peut aussi rimer avec débrouillardise et opportunités économiques.