Alors que le pays s’apprête à élire son président le 12 octobre, les seigneurs de la craie, célébrés hier à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, expriment leurs espoirs et dénoncent des conditions de travail toujours précaires.
Le 5 octobre 2025, la Journée mondiale des enseignants a été célébrée dans un climat mêlé de reconnaissance symbolique et de frustrations bien réelles. À travers le pays, des cérémonies ont rendu hommage au rôle essentiel des éducateurs dans la société. Mais derrière les discours officiels, les enseignants ont tenu à faire entendre leur voix, à une semaine d’une élection présidentielle très attendue. Le scrutin du 12 octobre s’annonce décisif.
De nombreux candidats promettent une réforme en profondeur du système éducatif. Pourtant, dans les salles des professeurs, la méfiance demeure. « On entend beaucoup de promesses, mais sur le terrain, rien ne change », déplore Divine Ndjocky, enseignante dans un lycée de la banlieue de Ngaoundéré. « Nos salaires ne suffisent plus, les classes sont surchargées et nous manquons cruellement de moyens pédagogiques. »
Les revendications sont claires : revalorisation salariale, amélioration des infrastructures scolaires, accès à la formation continue, mais aussi plus de sécurité dans certains établissements. « Nous ne voulons plus être oubliés. L’État doit faire de l’éducation une priorité réelle, et non un simple argument de campagne », insiste Dr Firmin Moutil, syndicaliste.
Ces préoccupations surviennent dans un contexte économique difficile, où l’inflation infecte le pouvoir d’achat des fonctionnaires et où l’éducation souffre d’un sous-financement chronique. Aujourd’hui, de nombreux établissements publics manquent de personnel qualifié : certains enseignants ont abandonné leurs postes, tandis que d’autres exercent sans contrat stable.
Le futur président, quel qu’il soit, devra relever le défi de restaurer la confiance du corps enseignant. Si, comme on le répète souvent, l’éducation est « la clé du développement », encore faut-il donner aux enseignants les moyens d’assumer pleinement leur rôle. En attendant les résultats du 12 octobre, le corps enseignant reste mobilisé, mais inquiet. « Quel que soit le vainqueur, il devra nous écouter. Sans enseignants motivés, il n’y a pas d’école, pas d’avenir », conclut Mme Ndjocky.