En fonction des journées, ces derniers peuvent empocher entre 8 000 et 15 000 FCFA, dont 5 000 à 7 000 FCFA reste en bénéfice net après déduction des charges.
À l’aube, quand Yaoundé s’éveille lentement sous les klaxons pressés, l’un des premiers à prendre la route, c’est Jules, casque vissé sur la tête, poings serrés sur les guidons de sa moto. À 32 ans, il est conducteur de moto-taxi, un métier souvent regardé de haut, mais qui lui permet de subvenir à ses besoins dans un contexte économique difficile. Comme beaucoup de jeunes, Jules ne rêve pas de rester « motoman » toute sa vie.
Son ambition : ouvrir un petit atelier de mécanique pour sortir de la précarité. En attendant, il continue à sillonner la ville, moteur ronflant, regard concentré sur l’asphalte. Sur les routes de Yaoundé, les motomen comme Jules sont plus qu’un moyen de transport : ils sont le reflet d’une jeunesse résiliente, débrouillarde et indispensable à la vie urbaine. « Je commence à 5h30 du matin et je termine parfois à 20h », confie-t-il, le visage marqué par la fatigue.
Chaque journée est un pari entre circulation infernale, clients pressés et contrôles policiers. Mais malgré tout, le deux-roues est pour lui une source de revenu stable, dans une ville où le chômage frappe fort, surtout chez les jeunes. En moyenne, Jules gagne entre 8 000 et 12 000 FCFA par jour. Tout dépend de la météo, de la circulation et de la demande. Les jours de marché ou en période scolaire, il peut même monter à 15 000 FCFA.
Mais après avoir déduit le carburant (souvent autour de 3 000 FCFA par jour), les petites réparations et les frais de police, il lui reste environ 5 000 à 7 000 FCFA net par jour, de quoi nourrir sa petite famille. Au-delà de l’aspect économique, être motoman, c’est aussi affronter des risques au quotidien : accidents, insécurité, vols de motos, contrôles musclés. Pourtant, Jules reste debout, comme des milliers d’autres. « Si je ne roule pas, je ne mange pas », dit-il simplement.