Le pionnier des réseaux sociaux au Cameroun, est aujourd’hui à la croisée des chemins entre l’influence digitale et le cinéma d’auteur.
Dans l’univers très connecté du numérique camerounais, son nom résonne avec autorité. Dominique Minyono est l’un des premiers à avoir compris, dès 2011, que l’on pouvait vivre des réseaux sociaux. Une audace qui l’a conduit à créer un véritable écosystème communautaire baptisé Kerel désormais incontournable. Le label Kerel revendique plus de 1,6 million de membres à travers cinq groupes Facebook distincts : Kerel Kongossa, Kerel Sportive, Kerel Muzik, Kerel TV et Kerel Mature.
Le plus célèbre, Kerel Kongossa, est devenu une place publique numérique où se mêlent discussions légères et actions concrètes. Au-delà du “japap”, Minyono a su fédérer et transformer cette communauté en force de solidarité : plus de 5 000 emplois créés, des malades pris en charge, des dons dans des orphelinats, des campagnes de don de sang… “Je voulais une communauté unie, soudée, presque familiale”, explique-t-il.
Pari réussi. Kerel est aujourd’hui un modèle d’écosystème numérique africain, à la fois divertissant, socialement engagé et économiquement structurant.
Un virage vers le 7e art
En 2025, Dominique Minyono fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma. Son tout premier film, « Je veux Boza » aborde avec force et réalisme la thématique de l’immigration clandestine. Ce court-métrage lui vaut une nomination à la 29e édition du Festival Écrans Noirs dans la catégorie « Court Métrage International ». Un baptême de feu prestigieux pour un nouveau venu dans la réalisation. « Avant de passer derrière la caméra, j’ai travaillé pour une maison de production audiovisuelle où j’ai appris l’écriture et la réalisation.
Ce film m’a permis de révéler un autre pan de mon potentiel créatif, et de m’affirmer comme cinéaste, scénariste et producteur », explique-t-il. Minyono ne voit pas le cinéma comme un simple détour artistique. Pour lui, c’est une reconversion assumée. Une nouvelle manière de raconter des histoires, de faire passer des messages, et d’impacter la société, comme il le fait depuis plus d’une décennie en ligne.
Au-delà de sa notoriété digitale, Dominique Minyono incarne une jeunesse camerounaise résolument connectée, entreprenante et en quête de sens. Et avec « Je veux Boza », il tend le micro à ceux qu’on n’écoute pas, donnant voix aux espoirs et aux désillusions des candidats au départ.
De l’influenceur au réalisateur, Dominique Minyono continue de tracer un chemin singulier. Un parcours inspirant, qui démontre que les mondes virtuel et réel peuvent se rencontrer pour construire et rassembler.