Certaines femmes racontent avoir vu de la semence masculine sur leurs vêtements après avoir été bâchées à moto par un homme.
À première vue, rien d’anormal. Une cliente s’installe derrière le conducteur de la motocyclette, et un autre passager, souvent un homme, prend place à l’arrière. Mais ce qui devrait rester un simple partage de trajet tourne parfois à une expérience humiliante. « Tu sens des frottements qui n’ont rien à voir avec les secousses de la route », raconte Ambroise, 27 ans. « À l’arrivée, tu constates que ton pantalon est mouillé.
Tu comprends que le gars derrière s’est carrément masturbé sur toi. » Le témoignage peut choquer, mais il n’est pas isolé. Sur les réseaux sociaux comme dans les discussions entre copines, de plus en plus de femmes disent avoir vécu cette situation. Certaines n’osent pas protester, de peur qu’on leur dise qu’elles dramatisent. D’autres descendent précipitamment de la moto, en plein milieu du trajet. « C’est du harcèlement pur et simple », tranche Murielle, 28 ans.
La conseiller d’orientation ajoute : « On ne parle pas assez de ça parce que ça se passe en silence, ou du moins en mouvement. Mais à la fin ce sont les femmes qui se retrouvent seules à gérer leur malaise. » Pour d’autres, le problème ne se limite même pas aux frottements. « Parfois, ce n’est pas seulement le corps collé derrière », dénonce Chantal, 23 ans. « Tu montes sur une moto et un inconnu qui s’assoit après toi commence à poser ses mains sur tes cuisses, ou veut te tenir par la taille.
Tu ne connais pas quelqu’un mais il t’attrape comme si tu étais sa copine ? Ça ne se fait pas, et les hommes doivent arrêter avec ça. » Du côté des conducteurs de moto, le sujet met aussi mal à l’aise. « Nous, on ne voit pas ce qui se passe derrière », se défend Jean-Patrice, mototaximan au Terminus Mimboman. « Mais c’est vrai qu’il y a des gars bizarres. Parfois, tu sens que la fille n’est pas tranquille. » Peu de conducteurs interviennent, de peur de perdre des clients.
Les hommes, eux, sont partagés. Certains disent ne même pas comprendre de quoi il est question. « Franchement, moi je n’ai jamais pensé à ça », affirme Kevin, 30 ans. « Quand je monte sur la moto, tout mon problème c’est contrôler le chauffeur pour qu’il ne fasse pas d’excès.
J’ai mes soucis dans la tête, je n’ai pas le temps de fantasmer. » Mais d’autres reconnaissent qu’il peut y avoir une part de vérité. « Même si ce n’est pas ton intention, ton corps peut réagir », confie Serge, la trentaine. « Avec les secousses de la moto, tu peux te retrouver excité sans l’avoir prévu. Et il faut dire aussi qu’il y a des femmes qui sont chargées.
Tu ne choisis pas, ton corps réagit tout seul. » Face à ce malaise, certaines femmes adoptent des stratégies : emprunter les motos en solo, refuser de se faire bâcher ou s’asseoir de manière à limiter le maximum de contact physique.
Mais cela reste une solution précaire. « Pourquoi c’est à nous de toujours réfléchir » s’insurge Arielle, 30 ans. « Ce sont les hommes qui doivent arrêter de transformer un simple trajet en agression sexuelle. Parce que oui, ce sont des agressions sexuelles ! » ajoute-t-elle, fermement.