Dans cet établissement du Mayo-Tsanaga, en cette rentrée scolaire, un seul professeur d’État est en poste pour encadrer 26 classes. Un chiffre qui résume à lui seul la crise silencieuse que traverse l’éducation dans cette région du pays.
Selon les informations recueillies, le lycée technique de Bourha comptait encore six enseignants titulaires l’an dernier. Mais à la suite du dernier mouvement de mutations, cinq d’entre eux ont été redéployés par le ministère des Enseignements secondaires, sans aucun remplacement. Autrefois CETIC, l’établissement a été érigé en lycée en 2023, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de classes et de la charge académique. Deux ans après sa mutation, le constat est amer : aucun censeur, un seul enseignant affecté, et des centaines d’élèves répartis en 26 divisions.
Aujourd’hui, seul le personnel administratif reste en place : proviseur, chefs de travaux, intendant et surveillants généraux tentent de faire tourner l’établissement, sans pouvoir assurer les cours. Face au vide pédagogique, treize enseignants vacataires ont été sollicités. Ils sont rémunérés uniquement grâce aux contributions volontaires des parents ; une solution précaire, dans une région où la pauvreté freine déjà fortement l’accès à l’éducation. À cela s’ajoute la faiblesse des infrastructures. Quatre bâtiments pour 26 classes, des cours parfois dispensés sous les arbres, avec des tableaux mobiles, sans salles ni équipements pédagogiques adaptés.
Le bloc administratif, lui, est quasi inexistant. Partout dans la région, l’éducation recule, freinée par l’enclavement, les mauvaises routes, l’insécurité due aux enlèvements, et l’absence de politiques d’incitation pour retenir durablement les enseignants en zones rurales. Pour les autorités locales, la crise est structurelle. Elle nécessite une refonte de la carte scolaire, une vraie politique de fidélisation des enseignants, et des investissements massifs dans les infrastructures. « C’est un problème général dans la zone », admet-on à la délégation départementale des Enseignements secondaires, jointe par nos confrères sur le terrain, tout en appelant à un sursaut de l’État. En attendant, des centaines d’élèves à Bourha sont privés Du droit fondamental de bénéficier d’une éducation de qualité.