Dans les marchés de Yaoundé, ils sont nombreux à sillonner les allées, poussant des brouettes chargées de dattes et de racines séchées appelées localement « Ouatoudjé ». Une activité qui permet juste de se nourrir au quotidien, avec des gains journaliers, n’excédant pas 3000 FCFA.
Derrière ces petits commerces se cachent des histoires de débrouillardise, de ténacité et de survie économique. À première vue, leur étal n’a rien d’extraordinaire : une brouette, une bouteille d’eau en plastique, une louche, des sachets transparents noués soigneusement contenant jusqu’à cinq dattes chacun. Mais pour les vendeurs ambulants de fruits tropicaux, chaque détail compte. Ces commerçants, souvent issus de milieux modestes, vivent de la vente de dattes importées et de racines séchées appelées « Ouatoudjé », un nom emprunté à la langue Haoussa, largement utilisée dans certaines communautés du Cameroun. Le processus est artisanal. Les racines, achetées en sacs au prix de 85 000 francs CFA, sont d’abord trempées dans l’eau pendant trois jours avant d’être lavées.
Une fois prêtes, elles sont vendues sous forme sèche ou réhydratée, souvent en complément des dattes. Ces dernières sont achetées en gros chez les grossistes puis reconditionnées dans de petits sachets à 100 francs l’unité. « Si tu connais attacher, tu peux avoir ton bénéfice », explique l’un des vendeurs. Mais ce bénéfice reste maigre. Pour un seau de dattes acheté à 10 000 francs, le gain net tourne autour de 1 000 francs, et encore, seulement si la marchandise est écoulée entièrement dans la journée. Les vendeurs le disent eux-mêmes : « Cette activité me permet seulement de m’acheter de quoi manger. Ce n’est pas quelque chose avec laquelle je peux réaliser mes projets ». Le commerce des dattes et « Ouatoudjé » est donc avant tout un acte de survie.