De simples bancs en bois, un vieux parapluie usé et parfois un petit miroir de poche suffisent à ces coiffeuses débrouillardes. Malgré la précarité, leur activité attire de nombreuses clientes, séduites par des tarifs abordables.
À Yaoundé, les salons de coiffure dits « de fortune » poussent comme des champignons aux abords des marchés, dans les quartiers populaires ou au détour d’une ruelle. Ici, la tresse commence à 1000 F CFA, en ce qui concerne les simples renversées, et les coiffures plus complexes, avec mèches ou rajouts, varient entre 5000 et 10 000 F CFA, selon le style choisi. Des tarifs imbattables, surtout comparés à ceux des salons modernes où la même coiffure peut coûter le double, voire le triple.
Ces coiffeuses, souvent sans boutique fixe, installent leurs comptoirs improvisés autour des marchés comme Mokolo, Movg-Atangana Mballa ou Essos. Mais pour attirer la clientèle, elles n’hésitent pas à sorrtir dans la rue, à aborder les passantes, à marchander, et parfois à les convaincre sur le trottoir avant de les guider jusqu’à leur petit coin aménagé. « Si on reste assise, on ne gagne rien.
Il faut aller chercher les clientes, discuter avec elles, et les convaincre », explique Carine, coiffeuse à Mvog-Atangana Mballa. Derrière ces salons précaires se cache une véritable économie parallèle, qui fait vivre des dizaines de jeunes filles, de mères célibataires ou d’élèves en quête d’un revenu. « C’est avec ça que je paye mes cahiers », confie Aline, 17 ans, qui coiffe pendant les week-ends et les vacances.
Mais les défis sont nombreux : intempéries, insécurité, harcèlement de la police municipale. Dans une ville où la beauté capillaire est un enjeu culturel et social, ces salons de fortune remplissent un rôle essentiel: permettre à toutes les femmes, peu importe leur budget, de rester coiffées.