L’uniforme est censé gommer les différences et promouvoir l’égalité entre élèves. Pourtant, il devient une charge financière pour de nombreux parents, car certaines écoles, couturiers et vendeurs de tissu en ont fait un véritable business.
Une même tenue pour tous, quel que soit le milieu d’origine. C’était ça l’utilité de l’uniforme à son instauration. Il a été pensé, comme un outil d’intégration et d’identification pour les écoles. On reconnaît l’établissement dès qu’on croise un élève, on suppose l’ordre, la discipline, et la neutralité sociale. Mais aujourd’hui, cette noble intention semble s’effacer peu à peu, laissant place à une logique plus mercantile. Dans de nombreuses écoles, notamment privées, les uniformes ne se résument plus à une simple chemise et un pantalon. Les établissements rivalisent désormais de créativité et de sophistication. Les modèles se multiplient : tenues en tergal, chemises brodées, cravates aux couleurs de l’école, jupes à carreaux bien taillées, pantalons cintrés, polos siglés, jackets élégants, pulls assortis, sans oublier les tenues de sport complètes.
Le tout vendu en pack, parfois imposé, avec des prix qui donnent le tournis à certains parents. Dans une école de la capitale, un parent confi avoir déboursé près de 40 000 FCFA uniquement pour l’uniforme de son enfant. « Il y a la tenue de classe, celle des mercredis, la tenue de sport et même une tenue spéciale pour les sorties scolaires », soupire-t-il. Pour plusieurs familles, cette dépense pèse lourd sur le budget de la rentrée, et transforme l’uniforme en facteur d’exclusion pour les plus modestes. Du côté des écoles, on justifie cela par la volonté de soigner l’image de l’établissement.
Les uniformes sont désormais pensés comme un outil de communication visuelle, un marqueur de distinction, parfois même un argument marketing. La qualité et le style sont mis en avant pour séduire les parents. Certains établissements vont jusqu’à exiger des uniformes cousus uniquement par un tailleur agréé, évitant ainsi les imitations mais verrouillant aussi le marché. Des couturiers et fournisseurs signent des contrats exclusifs avec des écoles, fabriquant chaque année des milliers de pièces. Un véritable business, bien rodé, où la rentrée est synonyme de pic d’activité.