Fraîchement sortis des écoles de formation, de plus en plus de jeunes enseignants découvrent ce 8 septembre, jour de rentrée, les réalités de la salle de classe Excitation, épuisement et stress se mélangent dans leurs premiers jours face au tableau noir.
Il sort de la classe, les épaules un peu voûtées, et les mains encore blanchies de craie. Serge Dilama, vient de terminer sa première leçon d’anglais au collège La retraite. Dans sa classe de sixième, 72 paires d’yeux se sont braquées sur lui toute la matinée: « I am already tired », souffle-t-il en s’affalant sur une chaise en plastique dans la salle des professeurs. Il s’y attarde un moment, cherchant un peu de répit, loin de la horde de journalistes venus tenter de prendre le pouls de la rentrée. Fraîchement diplômé de l’École Normale Supérieure de Yaoundé, Serge découvre avec stress que la théorie apprise en formation ne prépare pas entièrement aux réalités du terrain.
« Ils parlent, ils rient, ils font beaucoup de bruit si on ne les ramène pas vite à l’ordre. Parfois, j’ai l’impression de parler dans le vide », confie-t-il. Mais au-delà de ses propres émotions, il doit aussi gérer celles de ses élèves. Lorsqu’une élève timide est incapable de se présenter en anglais, Serge la place devant la classe pour l’encourager : « Voir son regard hésitant et l’aider à trouver ses mots, c’est à la fois stressant et gratifiant. C’est là que l’on réalise qu’être enseignant, ce n’est pas seulement transmettre un savoir, mais aussi accompagner chaque élève dans ses peurs et ses réussites », explique-t-il. À l’instar de Serge, Joyce Songo, 24 ans, enseigne au Collège Saint-Germain, près de la Carrière. Elle raconte ses premiers pas au secondaire sous la peau d’un professeur d’espagnol : « Mes premières heures ont été très stressantes.
Certains élèves s’interrogent sur mon âge et mon parcours. Ce qui m’a le plus marquée, c’est de voir l’admiration dans les yeux de certains élèves. Ils m’ont beaucoup questionnée sur mon parcours scolaire » Joyce ajoute que la discipline et la fatigue ont été ses principaux défis au départ : « Certains élèves pensaient que, comme je suis jeune comme eux, ça ne poserait pas problème. Il a fallu parfois élever la voix ou punir dès le matin pour me faire respecter ». Comme Joyce et Serge, ces jeunes enseignants apprennent dès aujourd’hui à jongler entre leur vocation, l’exigence du métier et la réalité du terrain. Tous les deux sont du même avis : chaque classe devient pour eux « un terrain d’apprentissage » autant que pour leurs élèves, où se construit chaque jour la vocation d’enseigner.