Les enseignes de paris sportifs, de loto ou de jeux en ligne fleurissent à chaque coin de rue. Des jeunes s’y ruent, espérant décrocher « le ticket gagnant » qui changerait leur vie. Le phénomène prend de l’ampleur. Au point de devenir une alternative au chômage et à la précarité.
Devenus « parieurs professionnels », certains jeunes passent leurs journées à analyser des matchs ou à rôder autour des points de paris. D’autres s’installent dans des maquis où les jeux de dés, les cartes et les loteries improvisées tiennent lieu de travail. Ce sont les « nouveaux bureaux » d’une jeunesse qui ne croit plus aux promesses de l’école ou aux concours d’État.
Pourtant, derrière cette illusion du jackpot rapide se cache un piège bien réel. Les pertes sont fréquentes, les dettes s’accumulent, et l’addiction s’installe. « J’ai commencé avec 500 francs, aujourd’hui j’ai déjà perdu plus de 300 000 F en un an », avoue Samuel Ngolle, étudiant. « Mais je continue, parce que je suis sûr qu’un jour, je vais me refaire. » Ce jour, malheureusement, n’arrive presque jamais. Même les travailleurs n’y échappent pas.
Des enseignants, des agents de sécurité ou des fonctionnaires délaissent leurs pauses pour tenter leur chance au prochain pari. Le jeu devient une échappatoire face à des salaires trop faibles, des vies trop dures. « Je mise parfois sur 3 ou 4 matchs. Quand ça passe, je paie mes factures », confie un jeune Donald Bikimi, vigile. Les conséquences, elles, sont sociales, psychologiques et économiques. Dépendance, vols, mensonges, conflits familiaux. Certains vendent leur téléphone, d’autres leur lit.
Le piège du gain facile enferme lentement, mais sûrement. Face à cette dérive, des voix s’élèvent pour demander une régulation plus stricte. « Il faut interdire les publicités mensongères qui font croire que tout le monde peut devenir riche par le jeu », plaide un père de famille. D’autres appellent à l’éducation financière dès le secondaire. Car au fond, le vrai pari à gagner, c’est celui du travail honnête, du mérite, et de l’effort. Pas celui d’un ticket que l’on gratte avec l’espoir d’un miracle.