La salle de conférence de l’hôtel Mont Fébé à Yaoundé avait des allures de temple du savoir le 19 août 2025. Chercheurs, universitaires, responsables administratifs et journalistes y ont pris place pour assister à la présentation officielle du fichier national des thèses et mémoires des universités d’État du Cameroun.
« C’est une grande avancée pour l’université camerounaise. La nation assigne à l’université trois missions l’enseignement, la recherche et l’appui au développement ». Ce sont là les propos de satisfécit du ministre de l’Enseignement supérieur au sortir de la présentation du fichier des thèses et mémoires des Université d’Etat au Cameroun. Insistant sur l’importance de cette base de données numérique dans la structuration et la valorisation de la production scientifique camerounaise c’est une avancée majeure pour les universitaires.
Jusqu’ici, les thèses et mémoires produits par les étudiants et chercheurs camerounais reposaient, pour la plupart, sur les étagères des bibliothèques universitaires, difficilement accessibles et souvent oubliés. Désormais, grâce à ce fichier, ces travaux seront indexés, organisés et consultables dans un cadre cohérent. « Il ne s’agit pas seulement d’une base de données.
C’est un levier stratégique pour dynamiser la recherche fondamentale et appliquée, et la mettre en résonance avec les objectifs de développement définis par la Stratégie nationale de développement 2030 », a ajouté le ministre. Ce projet porté par le programme 118 du ministère, intitulé Développement de la recherche et de l’innovation universitaire est d’un enjeu double : mesurer quantitativement et qualitativement la valeur des productions académiques, mais aussi accroître leur accessibilité et leur visibilité sur le plan national et international.
Une réponse aux défis de l’université entrepreneuriale
La mise en place du fichier intervient dans un contexte marqué par la promulgation de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur de 2023, qui a consacré le concept d’« université entrepreneuriale ». Dans cette dynamique, les travaux académiques ne sont plus seulement considérés comme des exercices académiques, mais comme de véritables ressources capables de nourrir l’innovation, d’accompagner les politiques publiques et de soutenir le développement socio-économique.
« La pleine réalisation de cette mission suppose une maîtrise exhaustive de la production scientifique de nos universités », a expliqué le Pr Fame Ndongo, avant de saluer le travail du chef de la Division de la recherche et de la coopération universitaire, qui a coordonné le chantier.
Des enjeux nationaux et internationaux
Au-delà des frontières camerounaises, ce fichier représente aussi un enjeu de rayonnement académique. Les responsables du ministère en sont conscients : l’absence de visibilité des productions scientifiques nationales pèse sur le classement des universités camerounaises à l’échelle mondiale.
« Personne ne remet en cause la valeur de nos travaux. Nos étudiants et chercheurs comptent parmi les meilleurs au monde. Ce qui manque, c’est une vitrine. Ce fichier national est cette vitrine », a martelé le ministre. En clair, le Cameroun entend se donner les moyens de faire émerger ses universités sur la scène internationale en sortant les mémoires et thèses des « tiroirs poussiéreux » pour les projeter dans l’espace numérique global.
Un pas décisif
Dans son allocution, empreinte de symbolisme, le ministre a comparé l’hôtel Mont Fébé à Hermopolis, la cité antique égyptienne où résidait Thot, dieu de l’écriture et du savoir illimité. Une métaphore pour signifier que la cérémonie marquait une étape décisive dans l’histoire universitaire du pays.
Avec ce fichier, les universités d’État franchissent un nouveau pas vers l’excellence, conformément à la vision du président de la République, Paul Biya, qui a fait de la recherche et de l’innovation des leviers essentiels du développement.