Comme chaque année à l’approche de la rentrée, les banques et microfinances relancent leurs campagnes de crédits scolaires. Une bouffée d’oxygène pour de nombreux parents, mais aussi une source d’inquiétudes face au risque d’endettement.
Il est à peine dix heures ce lundi 17 août 2025, et déjà les files d’attente s’allongent devant une institution bancaire du centre-ville de Yaoundé. Dossiers et pièces d’identité en main, les parents patientent. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ils ne sont pas venus pour un retrait, mais pour solliciter un prêt. « Au départ, je voulais un crédit scolaire, mais je n’étais pas prête. Maintenant, si je demande un montant plus élevé, ce n’est plus considéré comme un crédit scolaire », confie Mireille, une fonctionnaire qui hésite encore devant le guichet.
Le crédit scolaire permet de financer la scolarité, les cartables, les uniformes et toutes les fournitures nécessaires. Pour de nombreux parents, c’est un véritable soulagement. « C’est une bonne initiative, cela permet de préparer la rentrée sans trop de stress. Pour nous, c’est vraiment un coup de pouce », affirme Joseph, enseignant dans le secondaire.
Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. D’autres y voient le risque d’un endettement chronique. « Personnellement, le prêt scolaire n’est pas avantageux. Les taux sont parfois élevés, il y a aussi les frais d’assurance, et toutes ces informations ne sont pas toujours bien expliquées aux clients. Pour ceux qui ont des revenus bas, cela devient vite un piège », déplore Clarisse, employée dans une société de la place.
L’offensive des banques
Conscientes de l’importance de cette période, les banques multiplient les offensives : campagnes de prospection, taux dits préférentiels, délais de remboursement assouplis… autant de formules destinées à séduire.
Mais l’accès reste soumis à des conditions strictes. « Notre condition principale, c’est que le client soit salarié, du secteur public ou privé. Pour un CDD, il faut que le contrat couvre au moins dix mois, puisque la durée du crédit est fixée à dix mois », explique Paola Tchepma, cadre bancaire.
À cela s’ajoutent des critères comme la détention d’un compte chèque et la présentation des bulletins de paie. Le montant du prêt dépend alors du salaire et de l’âge de l’emprunteur. « Nous faisons une simulation et, en général, le plafond d’endettement ne peut pas dépasser 40 % du revenu mensuel », détaille un autre responsable de guichet.
L’alternative des tontines
Tous les parents n’ont cependant pas recours aux établissements bancaires. Pour les familles moins nanties, les tontines restent une alternative crédible. Un système plus souple, qui permet d’obtenir de petites sommes rapidement, sans la lourdeur administrative des banques.
Un soulagement qui divise
En définitive, le crédit scolaire divise. Pour certains, il est l’assurance d’une rentrée réussie, pour d’autres, le signe d’une précarité financière qui pousse à emprunter chaque année. Dans tous les cas, à mesure que les rentrées s’enchaînent, ce produit bancaire s’impose comme un rendez-vous incontournable du mois d’août.