La recherche d’un logement décent pour les étudiants de l’Université de Yaoundé I, en particulier les nouveaux bacheliers, s’apparente à un véritable parcours du combattant. Au fil des années, ce marché s’est transformé en un véritable terrain miné d’arnaques.
Aux abords de l’Université de Yaoundé I à Ngoa-Ekellé, dans les quartiers Melen, Bonas, Cradat ou encore Obili, la quête d’un studio ou d’une chambre à prix raisonnable tourne souvent au cauchemar pour les néo-bacheliers. Certains, à peine arrivés dans la capitale, tombent déjà dans les filets d’escroqueries bien rodées. Entre les faux agents immobiliers, cautions fictives, visites de chambres imaginaires, les techniques sont nombreuses, et les victimes se comptent par dizaines chaque année.
Ces escrocs, souvent bien informés du calendrier universitaire, opèrent avec une stratégie bien huilée. Ils publient de fausses annonces sur les réseaux sociaux, agrémentées de photos flatteuses de logements qui n’existent pas. Une fois l’étudiant intéressé, on lui demande rapidement de verser une caution ou des frais de visite, sous prétexte que le logement est très sollicité.
Le piège se referme dès que l’argent est envoyé. Certaines victimes rapportent des cas encore plus graves. Jessica, 21 ans, témoigne :
« On m’a fait visiter une chambre à Olezoa, le “propriétaire” m’a fait signer un reçu et j’ai payé trois mois d’avance. Le jour prévu pour mon emménagement, j’ai trouvé une autre personne dans la chambre. Le vrai propriétaire n’était même pas au courant ! » La précarité économique de nombreux étudiants, combinée à l’urgence de se loger, en fait des cibles faciles. Beaucoup arrivent seuls, sans accompagnement familial ni connaissance de la ville.
Dans ce climat d’incertitude, la peur de se retrouver à la rue pousse certains à verser de l’argent sans garanties minimales. Les résidences universitaires, souvent insuffisantes en capacité, ne peuvent accueillir qu’une infime partie des étudiants. Ce déficit pousse inévitablement vers le marché privé, largement informel et peu régulé. Du côté des autorités, les actions concrètes restent rares.
Les plaintes pour escroquerie immobilière aboutissent rarement, faute de preuves solides ou à cause de la complexité des démarches. En attendant, les étudiants en font les frais. Face à cette situation, certains acteurs étudiants tentent de s’organiser. Des associations proposent désormais des groupes WhatsApp de confiance, où les anciens partagent les bons plans de logements sûrs.
D’autres recommandent de ne jamais envoyer d’argent sans avoir visité le logement, d’exiger une copie de la pièce d’identité du bailleur ainsi qu’un reçu signé. Le bouche-à-oreille reste une valeur sûre, tout comme le recours à des agences reconnues, même si leurs tarifs sont parfois plus élevés.