Alors que certains bacheliers ont déjà une idée claire de leur avenir, d’autres naviguent dans l’incertitude, l’indécision ou contraintes familiales. A quelques mois de la rentrée universitaire, la question « Et maintenant ? » se pose avec acuité.
« Je voulais faire du journalisme. Mais mes parents ont dit fais le droit, c’est plus sûr ». À 18 ans, Kelly Ngoumouo, récemment diplômée du bacc A4, n’est pas vraiment excitée à la perspective de débuter l’université. Son inscription anticipée en droit à l’Université de Yaoundé II Soa, n’est pas réellement le résultat d’un choix personnel, mais plutôt d’un compromis : « J’ai d’abord voulu faire des études dans le management et l’entrepreneuriat.
Mon père m’a demandé ce que je voulais entreprendre au Cameroun ? Et lorsque j’ai évoqué le concours de l’ESSTIC la réponse était tout aussi négative ». Comme Kelly, ils sont nombreux chaque année à intégrer des filières qui ne correspondent ni à leurs rêves, ni à leurs compétences. En cause : un manque criant d’informations, l’absence de véritables dispositifs d’accompagnement, et la pression de l’entourage familial.
Dans les établissements secondaires, l’orientation après le bacc s’appuie encore principalement sur les performances académiques, reléguant au second plan les centres d’intérêt des élèves. Les sessions de conseil, lorsqu’elles ont lieu, sont souvent courtes et peu personnalisées : « Tout au long de l’année, nous abordons l’orientation scolaire. On fait de notre mieux, mais l’établissement ne nous donne pas les moyens d’assurer un suivi individuel.
Et quand on invite les élèves à se présenter, très peu le font », déplore un conseiller d’orientation d’un établissement public à Yaoundé. Résultat : des choix faits dans l’urgence, influencés par la peur de « rater sa vie » ou par les filières jugées plus « nobles ». Entre autres, médecine, droit, économie attirent par sécurité… au détriment des passions artistiques par exemple. Pour certains parents, ces choix sont dictés par l’instinct de protection. « Mon garçon voulait faire de la musique.
Avec toutes les choses douteuses qui se passent dans ce milieu j’ai refusé. J’ai même pris cela pour une trahison parce qu’au lieu de chercher une formation pour un emploi stable c’est la musique qu’il veut faire », déclare Kouamo, mère d’enfants. Une logique compréhensible, mais qui peut entraver l’épanouissement. Et pourtant, se réorienter est parfois possible. C’est le cas d’Assana, 20 ans, qui a quitté une licence de lettres pour intégrer un centre de formation en stylisme : « J’ai perdu un an à faire des études que je ne voulais pas.
Comme ma mère est professeure elle voulait que je fasse comme elle après le bacc ». À défaut d’être guidés, beaucoup avancent à tâtons. Et dans ce labyrinthe post-bacc, certains prennent le bon chemin après s’être cognés aux murs.