En marge de la célébration de son 37e anniversaire le 4 août 2025, le Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun a organisé, les 5 et 6 août, une campagne de soins dentaires gratuits dans ses locaux situés à Ekié.
À travers cette action de santé publique, le CJARC entend élargir son champ d’intervention, en abordant des enjeux trop souvent négligés, comme la santé bucco-dentaire, notamment chez les personnes en situation de handicap. « La santé bucco-dentaire est rarement une priorité dans les politiques publiques, encore moins chez les personnes handicapées. Pourtant, elle influe directement sur la qualité de vie, l’estime de soi et même la capacité à s’alimenter », explique Élodie Gaudier, membre active de l’organisation. Pendant deux jours, de nombreuses personnes entre les membres du club, habitants du quartier, jeunes et personnes âgées, ont bénéficié de soins gratuits.
Il y avait des examens dentaires, détartrage, sensibilisation à l’hygiène bucco-dentaire et conseils de prévention. Les consultations ont été assurées par une équipe bénévole de professionnels de santé partenaires du CJARC, mobilisés pour l’occasion. Cette campagne médicale n’est pas un geste isolé. Elle s’inscrit dans une vision globale, celle d’un accompagnement holistique et durable des personnes handicapées. Depuis sa création en 1988, le CJARC ne cesse de plaider pour une société inclusive.
Grâce à ses actions, il a permis à des centaines de jeunes, aveugles ou malvoyants, de se réinsérer socialement, d’accéder à l’éducation et à l’emploi, tout en revendiquant leur place dans l’espace public. L’École bilingue inclusive Louis Braille, rattachée au club, en est une parfaite illustration. Elle accueille aujourd’hui près de 400 élèves, dont plus de 100 à besoins spécifiques. Une école où l’on apprend le braille, mais aussi l’autonomie, la dignité, la confiance en soi. « Le CJARC, c’est un peu une famille.
On y apprend à vivre, à rêver malgré les obstacles », confie Géraldine Marcelle, institutrice et ancienne bénéficiaire du club. « Peut-être que ce n’est pas ici que ma route s’achèvera, mais c’est ici que ma nouvelle vie a recommencé. » Les festivités de l’anniversaire ont également été marquées par la voix militante de l’association. En marge de la campagne médicale, une pétition a été lancée en faveur d’une meilleure prise en compte des personnes handicapées dans le processus électoral.
Une initiative qui vise à briser les barrières physiques, sociales et institutionnelles qui freinent la participation de milliers de citoyens camerounais aux scrutins électoraux. Le CJARC entend ainsi continuer à interpeller les pouvoirs publics, mais aussi la société civile, sur les inégalités persistantes en matière d’accessibilité, de soins, d’éducation et de droits fondamentaux. « Ce que nous voulons, ce n’est pas de la charité, mais de l’équité », résume un des membres du comité d’organisation.
« Et cela commence par des actions concrètes comme celle-ci. » En 37 ans, le CJARC a évolué d’un petit regroupement associatif à une véritable référence nationale dans le domaine du handicap. Son modèle repose sur la solidarité, l’innovation sociale, la formation, et surtout, sur la foi en la capacité de chaque individu, quelle que soit sa condition, à contribuer au développement du pays.
À travers cette campagne de soins dentaires, le CJARC réaffirme sa volonté de bâtir une société où chacun a droit à une vie saine, digne et épanouie. Une société qui ne laisse personne en marge.