À l’ère où l’intelligence artificielle s’invite dans les salles de classe camerounaises, nos enseignants sont-ils réellement prêts à relever le défi ? Si l’on s’en tient au thème de cette année scolaire, on pourrait croire que le virage numérique est amorcé. En réalité, le système éducatif ressemble davantage à un vieux logiciel forcé de fonctionner avec des outils qu’il ne maîtrise pas. Soyons honnêtes. Beaucoup d’enseignants n’ont pas encore fait leur mise à jour.
Certains ignorent encore le fonctionnement de simples plateformes d’enseignement en ligne parfois même le bon usage d’un smartphone; d’autres peinent à projeter un cours avec un vidéoprojecteur. Pendant ce temps, les élèves, eux, jonglent avec les outils numériques, explorent ChatGPT, traduisent des devoirs en ligne sans encadrement ni véritable boussole pédagogique.
Ce n’est pas que les enseignants ne veulent pas évoluer. C’est surtout qu’ils n’ont pas été formés. Depuis des années, le recyclage pédagogique est le parent pauvre du système. On continue d’enseigner aujourd’hui comme on le faisait hier, alors que le monde avance à la vitesse des algorithmes.
L’IA ne remplacera pas l’enseignant. Mais elle transformera son rôle. De transmetteur, il deviendra guide. De maître, il deviendra médiateur. Encore faut-il qu’il dispose des bons outils, du bon état d’esprit, et surtout, d’une formation continue pour ne pas se laisser distancer. Face à une génération d’élèves connectés, la déconnexion des enseignants devient un risque pédagogique majeur. Il ne suffit pas d’inscrire l’intelligence artificielle dans le thème de rentrée. Il faut outiller ceux qui sont censés la faire vivre.